Monseigneur Philippe Fanoko Kpodzro, figure emblématique de l’opposition togolaise et ancien archevêque de Lomé, est décédé ce mardi 9 janvier à l’âge de 93 ans. Son décès en Suède, où il était en exil depuis trois ans, marque la fin d’une ère pour la politique togolaise.
Philippe Kpodzro, de son nom complet Philippe Fanoko Kossi Kpodzro, né le 30 mars 1930 à Tomégbé et mort le 9 janvier 2024 en Suède, est un homme d’Église togolais. Ordonné évêque d’Atakpamé le 2 mai 1976, il y exerce son ministère durant seize ans et demi, avant d’être nommé archevêque de Lomé le 17 décembre 1992. Il occupe cette dernière fonction jusqu’au 8 juin 2007, date à laquelle il prend sa retraite.
Outre son ministère épiscopal, Philippe Kpodzro exerce durant deux ans et demi la fonction de président de l’Assemblée nationale du 20 août 1991 à février 1994. Durant sa retraite, il continue à prendre position sur des questions politiques, notamment durant les périodes électorales, ce qui lui est reproché et lui vaut parfois des menaces.
« Furieux, Faure veut me tuer, et je suis en exil forcé »
Archevêque émérite de Lomé, il avait choisi le camp de l’opposition, pour dénoncer la dictature, la mal gouvernance, et les nombreuses violations des droits de l’homme. C’est ainsi que le prélat était devenu persona non grata sur sa terre natale.
Le 28 avril 2021, Mgr Philippe Fanoko Kpodzro a été exfiltré pour la Suède par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR). « Furieux, Faure veut me tuer, et je suis en exil forcé. Humanistes de tout pays, sauvez le Togo », a martelé Mgr Kpodzro dans une interview accordée à un média allemand. « Mon tort, c’est d’avoir conduit le Togo à l’alternance, après 54 ans des Gnassingbé, père et fils », a-t-il ajouté.
Notons que du 1er juillet au 28 août 1991, Mgr Philippe Fanoko Kpodzro a été invité à diriger la Conférence nationale dont le but était de résoudre la grave crise sociopolitique que traversait le Togo sous le régime de Gnassingbé Eyadéma, père de l’actuel président. La direction du Haut-commissariat de la République dont les travaux ont produit la Constitution togolaise de la quatrième république adoptée en 1992 lui a ensuite été confiée.