Pour plusieurs burkinabé, le discours prononcé par le président Roch Kaboré au soir du dimanche 27 juin 2021, a été un aveu de faiblesse et la preuve palpable que le gouvernement est à cours d’idées. Dans près de 7 minutes, le chef de l’Etat n’a pas su rassurer les siens qui gémissent sous le poids du terrorisme.
Face à la colère populaire et critiqué tous azimuts pour son « incapacité » à résoudre le problème du terrorisme au Burkina Faso, le président Roch Kaboré a tenu à rassurer ses populations en fin de semaine dernière. A la télévision nationale, le dimanche 27 juin, le chef de l’Etat a prononcé un discours axé sur le contexte sécuritaire qui affecte le Burkina Faso. Il a dit comprendre l’inquiétude et la colère du peuple, estimant que l’heure n’est pas à la désunion.
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Pour le chef de l’Etat, il est plus que jamais nécessaire de faire front commun contre les ennemis du Burkina Faso. « Nous ne devons pas nous tromper d’ennemis », a-t-il déclaré, ajoutant que « nous devons avoir foi en notre capacité à relever le défi de la lutte contre le terrorisme avec les autres pays en proie au même fléau ». Malheureusement, le discours du chef de l’Etat n’a pas convaincu la masse. Beaucoup de burkinabé dénoncent un discours creux. « Aucune annonce concrète, c’est rien que du verbiage », s’offusque un internaute. « Nous ne sommes plus à l’heure des discours, mais celle des actions concrètes« , renchérit un autre.
« L’opposition maintient sa position »
En ce moment précis où l’insécurité pousse la masse à se retourner contre le gouvernement, l’opposition joue ses cartes sur la scène politique. Elle a annoncé peu avant le message à la nation du président Roch Kaboré, son retrait du dialogue politique en cours et appelé à des manifestations pour ce samedi. Malgré l’appel à la reprise du dialogue lancé par le chef de l’Etat, l’opposition ne compte pas changer d’avis et maintient ses manifestations.
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Le chef de file de l’opposition, Eddie Komboïgo, dénonce « l’incapacité du gouvernement à trouver des solutions au peuple burkinabé et exige la démission du Premier ministre et de son ministre de la Défense ». Dans le camp en face, on accuse l’opposition d’une « tentative de récupération politique ».
La négociation, une option envisageable?
Dans la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso, l’option militaire peine à produire des résultats satisfaisants. Depuis 5 ans, la situation sécuritaire ne cesse de s’empirer malgré les efforts militaires mis à contribution. L’attente demeure longue et beaucoup sont tentés de dire que l’option militaire a échoué et qu’il faille trouver une autre porte de sortie. A ce titre, la négociation n’est pas à exclure.
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Fin 2020, Eddie Komboïgo avait qualifié la situation sécuritaire d’« extrêmement grave » sur tous les plans et a promis jouer la carte de la négociation avec les terroristes, une fois au pouvoir, pour rétablir l’intégrité du territoire et « assurer la protection permanente contre toute forme d’agression, d’occupation et de terreur ».
Quelques mois plus tard, c’est le Premier ministre burkinabé qui a déclaré que l’option de la négociation pourrait être envisagée. Mais avec qui négocier? Et le Burkina Faso serait-il d’accord à accepter les conditions qui lui seront imposées au terme d’une telle négociation? Est-ce vraiment nécessaire? Tant de questions qui remettent en cause l’option de la négociation tant décriée au plus haut sommet de l’Etat. Mais, toujours est-il qu’il est nécessaire de trouver une porte de sortie, le plus vite possible pour soulager le peuple burkinabé qui subit les massacres sans répit et presque hebdomadaires.