Le Premier ministre sri-lankais Mahinda Rajapaksa a démissionné lundi, peu après des affrontements entre ses partisans et des manifestants antigouvernementaux, qui ont fait cinq morts, dont un député, et plus de 180 blessés, la journée la plus meurtrière depuis trois semaines.
Le Premier ministre de 76 ans a adressé sa lettre de démission à son frère cadet et président Gotabaya Rajapaksa. Son départ entraîne automatiquement la dissolution du cabinet. « Je démissionne avec effet immédiat afin que vous puissiez nommer un gouvernement multipartite pour sortir le pays de la crise économique actuelle », a déclaré le Premier ministre dans sa lettre.
Le pays est en proie depuis plusieurs semaines à des manifestations qui dénoncent l’incapacité du gouvernement à faire face aux pénuries de nourriture, de carburant et de médicaments, marquant la plus grave crise économique que le Sri Lanka ait connue depuis son indépendance en 1948. La situation ne semblait pas s’apaiser lundi soir, notamment autour de la résidence officielle de Mahinda Rajapaksa à Colombo, assiégée par des milliers de manifestants antigouvernementaux. Des coups de feu ont été tirés depuis la résidence après que des manifestants ont enfoncé le portail d’entrée et mis le feu à un camion garé sur place.
PM Mahinda Rajapaksa’s ancestral home in Madamulluna has been set on fire. pic.twitter.com/JAN52w5Gxw
— DailyMirror (@Dailymirror_SL) May 9, 2022
Au moins 180 blessés
Selon les autorités, au moins cinq personnes sont mortes et plus de 180 ont été blessées quand des loyalistes du camp de Gotabaya Rajapaksa, armés de bâtons et de matraques, ont attaqué les manifestants qui campent devant le bureau du président depuis le 9 avril.
La police a tiré des gaz lacrymogènes et a fait usage de canons à eau après que les partisans du gouvernement ont franchi les rangs des policiers pour détruire les campements de milliers de manifestants. Parmi les morts figure un député du parti au pouvoir, qui s’est suicidé après avoir été encerclé par des manifestants sur lesquels il avait tiré.
Le pays, criblé de dettes et dirigé par Gotabaya Rajapaksa et ses frères aux postes les plus élevés, a du mal à payer les importations de carburant et d’autres biens en raison de la pénurie de devises étrangères, entraînant des coupures d’électricité et une pénurie de biens de première nécessité.
La journée de lundi a été la plus meurtrière depuis la répression d’une manifestation antigouvernementale le 19 avril dans le centre du pays (un mort, 24 blessés).
Grève nationale
Depuis des mois, l’île de 22 millions d’habitants subit de graves pénuries de nourriture, de carburant, d’électricité et de médicaments, qui alimentent la colère contre le clan des Rajapaska au pouvoir, accusé de mauvaise gestion. Ces dernières semaines, le pays a été le théâtre de manifestations dénonçant l’incapacité du gouvernement à faire face à la situation catastrophique.
Jeudi 5 mai, des milliers d’étudiants contestataires ont pris position sur la route qui conduit au Parlement. Les policiers ont tenté en vain de les déloger. Les transports en commun étaient à l’arrêt, les bureaux déserts, et des millions de travailleurs ont débrayé à l’appel des syndicats.