Depuis quelques jours au Mali, les réseaux sociaux sont en ébullition suite aux paroles extraites d’un album d’un rappeur du pays. L’extrait, du célèbre chant, repris sur les réseaux sociaux fait clairement l’apologie du viol.
Le chanteur malien Wizzi Wozzo est au coeur d’une polémique depuis quelques semaines. La jeune rappeur est accusé de promouvoir la culture du viol à travers les paroles de l’une de ses chansons. Des internautes exigent même des poursuites en justice pour apologie du viol.
En effet, dans sa chanson “Anhan”, Wizzi Wozzo a déclaré que la punition pour une fille qui refuse les avances d’un homme est le viol collectif. « Ni go yi dogoya cha kala », [si elle te veut pas, organise un viol collectif pour elle (traduction en français)].
Un extrait qui a fait déchanté plusieurs activistes. Si certains appellent à des poursuites judicaires, d’autres exigent la censure de la chanson qui est abondamment reprise sur les réseaux sociaux. Pour le moment, les autorités du pays n’ont pas encore donné échos favorables à ces demandes en interpellant l’artiste.
Malgré que les paroles de la chanson soient à la limite criminelles, nombreux sont les jeunes (filles et garçons) qui reprennent aisément la chanson sur les réseaux sociaux. Sans savoir l’effet subtile que peuvent avoir de tels propos sur la banalisation des violences faites aux femmes, une partie de la jeunesse mélomane malienne n’est pas pour autant d’accord avec ces dénonciations de certains activistes.
Le Mali et la banalisation des violences faites aux femmes
Au Mali, un pays à plus de 90% musulman, les violences faites aux femmes touchent l’ensemble de la société et sont souvent passées sous silence en raison de normes sociales profondément ancrées, de discours religieux. En 2018, une enquête démographique et de santé menée par l’Institut national de la statistique du Mali révélait qu’une Malienne sur deux âgées de 15 à 49 ans avait déjà subi des violences physiques ou sexuelles.
Selon cette même étude, le même nombre de femmes a également fait face à des violences émotionnelles, physiques et/ou sexuelles lors d’une rupture. D’après la même enquête, 79 % des femmes et 47 % des hommes estiment normal et justifiable la violence conjugale envers les femmes. Malgré leurs appels répétés aux réformes, peu de progrès ont été réalisés pour améliorer le cadre national de protection de la vie et des droits des femmes.