La juge Margarita Kotova a reconnu l’opposant russe Alexeï Navalny coupable d’escroquerie, mardi 22 mars 2022. Il pourrait écoper de 13 ans de prison supplémentaire.
Une juge russe a reconnu mardi Alexeï Navalny coupable «d’escroquerie» et «d’outrage à magistrat», ouvrant grand la voie à une sévère prolongation de la peine de prison du principal opposant au Kremlin, en pleine répression accrue par l’offensive en Ukraine. Le parquet avait requis la semaine passée que la peine de deux ans et demi de détention, qu’Alexeï Navalny purge depuis un peu plus d’un an, soit portée à 13 années d’emprisonnement.
Le charismatique militant anticorruption et ancien avocat, âgé de 45 ans, est jugé depuis mi-février derrière les murs de sa colonie pénitentiaire, à 100 km à l’Est de Moscou, dans un tribunal improvisé. Il est apparu mardi à l’audience vêtu de son uniforme de bagnard, le visage amaigri, écoutant l’énoncé du verdict les mains dans les poches, entre deux rires et discussions avec ses avocats, selon une journaliste de l’AFP sur place.
La juge Margarita Kotova, sans surprise, l’a reconnu coupable dès le début de la lecture du jugement qui pourrait durer plusieurs heures jusqu’à l’annonce de la peine. «Navalny a commis une escroquerie, soit le vol de biens d’autrui par un groupe organisé», a déclaré Mme Kotova, d’une voix rapide et mécanique.
«Navalny a fait preuve d’irrespect au tribunal, en insultant une juge», a-t-elle ajouté, quelques minutes plus tard. A l’issue du verdict, Alexeï Navalny pourrait être transféré, à la demande du Parquet, dans une prison dite à «régime sévère» bien plus éloignée de Moscou et où les conditions de détention sont beaucoup plus dures.
Environ une centaine de journalistes assistent à une retransmission vidéo de l’audience dans une salle de presse aménagée dans la colonie pénitentiaire. Aucun soutien de l’opposant n’était présent, si ce n’est ses deux avocats, en pleine vague d’intimidation contre les voix critiques du Kremlin.