Dans un message à la nation dimanche 04 septembre, le président du Burkina Faso, le Lieutenant-Colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a énuméré les causes profondes de la situation actuelle du pays et a fait le portait de l’état dans lequel se trouvait le pays au moment où « nous prenions nos responsabilités pour une meilleure gouvernance de notre pays ».
« Le mal qui nous ronge, est la résultante de plusieurs années de compromissions politiques, de contradictions sociales et d’amalgames de tous genres, qui ont fini par porter un coup fatal à l’équilibre délicat, que nos devanciers avaient réussi à trouver, pour permettre aux différentes communautés de vivre ensemble malgré leurs différences. Incapables d’initier le moindre sursaut collectif, nous avons laissé notre pays sombrer. A tous les niveaux, nous avons failli », a déclaré le président Damiba.
A en croire le colonel, les divisions internes ont fragilisés les Forces de Défense et de Sécurité (FDS), au point de remettre en cause, les valeurs qui faisaient la renommée du soldat Burkinabè. Cela se ressent très logiquement « sur notre engagement et notre manière de mener la guerre contre le terrorisme. Certaines actions des nôtres ont malheureusement plus contribué à attiser le feu, plutôt qu’à l’éteindre. Cette réalité concerne également les VDP qui, malgré leur bravoure, ont parfois été utilisés ou manipulés à des fins de vengeance au niveau communautaire« .
La vérité
Pour le président Damiba, « la vérité est que cet état de délabrement moral, concerne toutes les composantes de notre société. Le laxisme et le clientélisme de tous genres, se sont érigés en règle, dans une administration publique prise en otage par des groupuscules. Dans les faits, le service public s’est mué en système de corruption, de clientélisme et de marchandage aux antipodes de la bonne gouvernance tant prônée. Au point où les populations ont fini par développer un sentiment de défiance envers les structures administratives publiques. Des commis de l’État, politisés et sans honte, devenus de vrais rapaces, à l’affût de la moindre opportunité pour aspirer nos maigres ressources publiques« .
Au plan judiciaire, le chef du palais de Kossyam a fait remarquer que les Burkinabè ont perdu confiance en la justice, qui, selon eux, n’est plus indépendante. « Le constat n’est guère plus reluisant sur le terrain de la justice en laquelle le Burkinabè a perdu grandement confiance. Une justice devenue un terrain d’affrontement politique et où les luttes intestines l’empêchent d’assumer son rôle de régulateur social. L’indépendance de la justice, saluée par tous il y a quelques années de cela, semble être mal assumée, et pose à nouveau l’épineuse question de l’homme des pouvoirs et des institutions ».
« Au-dessus, il y a cette classe politique. Une élite censée traduire les aspirations profondes du peuple en projets salvateurs, mais qui malheureusement, s’est engluée dans les méandres de luttes aux finalités malsaines et opportunistes », a ajouté Damiba qui souligne que la consécration de l’impunité dans la gestion des deniers publics a contribué à exacerber le sentiment d’injustice sociale au point d’alimenter de nombreuses rancÅ“urs contre l’Etat et ses démembrements.
Un peuple qui n’a plus de repère…
Toujours retraçant la situation périlleuse dans laquelle se trouvait le pays avant la prise de pouvoir de la junte, M. Damiba a par ricochet, affirmé que le peuple avait été laissé à lui-même.
« Et il y a enfin ce peuple. Ce pauvre peuple, laissé à lui- même, balloté de toutes parts, par les officines obscures cachées derrière certaines technologies, et gavé d’informations alarmistes par certains médias devenus de dangereux outils de subversion.
Un peuple qui n’a plus de repère et qui n’arrive, ni à se mobiliser derrière son armée, ni à se révolter contre l’ennemi. Un peuple qui a troqué ses capacités de résilience contre un assistanat continu. Un peuple en quête permanente de bouc-émissaire. Un peuple qui est en train de perdre son âme mais qui ne s’en rend même pas compte. Un peuple qui semble avoir décidé de subir ».