L’Union Européenne a exprimé mardi, ses vives préoccupations à l’annonce de l’abrogation de la loi sur le trafic des migrants, par les autorités nigériennes. Cette loi, votée depuis 2015, autorisait les autorités de Niamey à prendre des mesures contre les passeurs qui transportent des migrants à travers le vaste désert du Niger vers la Libye et l’Europe.
Les autorités militaires au Niger ont décidé mardi, d’abroger la loi anti-trafic de migrants établie en 2015. Cette décision, ordonnée par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) et signée par le président du Conseil et Chef de l’État, le général Abdourahamane Tiani, efface les condamnations antérieures en vertu de cette loi à partir de sa date d’origine, le 26 mai 2015.
Quelques heures après cette décision nigérienne, l’Union Européenne a réagi via sa commissaire européenne aux Affaires intérieures. «Â Je regrette vivement cette décision », a déclaré ce mardi la Suédoise Ylva Johansson. «Â il y a un gros risque que cela cause de nouveaux décès dans le désert », a-t-elle ajouté selon RFI.
En effet, poursuit-elle, cela pourrait créer un appel d’air pour les migrants subsahariens qui tenteront de rejoindre les côtes du Vieux continent. Pour l’Union européenne, cette loi avait permis de nettement réduire le nombre de morts sur la route migratoire, mais également de baisser le nombre d’arrivées illégales sur son sol.
Un changement radical
La loi sur le trafic des migrants, instaurée dans le cadre d’un partenariat entre le Niger et l’Union européenne (UE) pour lutter contre la migration clandestine, visait à contrer les réseaux de passeurs opérant dans la région d’Agadez, une zone stratégique aux frontières de l’Algérie et de la Libye. Elle faisait partie d’une série de mesures prises pour endiguer le flux migratoire des jeunes africains tentant de rejoindre l’Europe via le Niger et d’autres nations du Maghreb.
Cependant, depuis le coup d’État survenu le 26 juillet dernier contre le président Mohamed Bazoum, les relations entre le Niger et l’UE se sont considérablement tendues. Cette décision d’abroger la loi contre le trafic de migrants est un véritable changement radical dans la politique migratoire nigérienne.
L’UE, tout comme la France, continue de refuser de reconnaître les autorités militaires actuellement au pouvoir au Niger, exigeant la libération du président déchu et son rétablissement. Cette décision d’abrogation de la loi pourrait intensifier les tensions diplomatiques déjà existantes, entraînant un nouveau chapitre dans les relations entre le Niger et ses partenaires internationaux.