Soixante-dix enfants du village de Dadin-Kowa, dans la région de Maradi au Niger, souffrent de graves malformations causées par la consommation d’eau fortement contaminée au fluor. Ce drame sanitaire fait écho à une précédente crise similaire survenue en 2001 dans la région.
La télévision d’État du Niger a annoncé jeudi, que soixante-dix enfants âgés de 2 à 10 ans, résidant dans le village de Dadin-Kowa, dans le sud du pays, souffrent de malformations graves des membres. Ces malformations sont attribuées à la consommation d’eau issue d’un forage contenant une teneur excessivement élevée en fluor.
Selon le reportage, le forage a été construit par un partenaire humanitaire sans l’implication des services compétents en matière d’hydraulique, ce qui a conduit à cette contamination. Les enfants affectés présentent des déformations physiques sévères. Lors de sa visite aux enfants touchés, le ministre de la Santé, le colonel-major Garba Hakimi, a constaté que sept des victimes ont déjà été opérées avec succès et que vingt-trois autres doivent subir des interventions chirurgicales prochainement.
Dadin-Kowa souffre depuis des décennies de graves inondations qui endommagent régulièrement son unique puits, obligeant les habitants à utiliser d’autres sources d’eau, parfois dangereuses. Ce n’est pas la première fois que la région de Maradi est frappée par une crise liée à la contamination au fluor. En 2001, le village de Tibiri avait été le théâtre d’un scandale sanitaire similaire, où près de 5 000 enfants avaient été atteints de malformations provoquées par une eau contenant des niveaux excessifs de fluor.
Le drame des « enfants de Tibiri » avait été mis en lumière par l’Association nigérienne de défense des droits de l’homme (ANDDH), qui avait alerté sur la situation après avoir constaté une augmentation inquiétante des cas de malformations graves chez les enfants. Une enquête de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) avait ensuite confirmé des niveaux de fluorures bien supérieurs aux normes recommandées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
En 2018, les autorités nigériennes avaient débloqué 2 milliards de FCFA pour indemniser les victimes de Tibiri, conformément à une décision de justice. Malgré ces mesures, l’accès à l’eau potable reste un défi majeur au Niger, où un habitant sur deux est privé de cette ressource essentielle. À Niamey, la capitale, de nombreux quartiers subissent régulièrement des pénuries d’eau.