Des chercheurs africains ont alerté jeudi à Abidjan ( Côte d’Ivoire) sur la prolifération des maladies des plantes agricoles qui menacent gravement la sécurité alimentaire d’un demi-milliard de personnes sur le continent. C’est lors de l’inauguration du Centre régional WAVE pour les phytopathogènes transfrontaliers.
Ce jeudi 27 mai 2021 à Abidjan ( Côte d’Ivoire), le programme WAVE (Central and West African Virus Epidemiology) et le Conseil ouest et centrafricain pour la recherche et le développement agricoles (CORAF) ont procédé à l’inauguration du Centre régional WAVE pour les phytopathogènes transfrontaliers. Venus de dix pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre (Côte d’Ivoire, Ghana, Gabon, Bénin, Togo, Nigeria, Burkina Faso, République démocratique du Congo, Sierra Léone, Togo), dans le cadre du programme West African Virus Epidemiology (WAVE), les chercheurs ont révélé l’apparition en Côte d’Ivoire du « virus de la canne à sucre », une nouvelle pathologie « qui n’existait que sur le continent asiatique et pas ailleurs » et la « maladie du bananier » en Afrique.
Ce centre devrait permettre de rechercher des solutions innovantes pour contrer les maladies virales de plantes, notamment le manioc. De façon pratique, ce centre fournira des solutions durables qui devront permettre de transformer l’économie agricole de l’Afrique de l’ouest et du centre, précise le Dr Abdou Tenkouano, directeur exécutif du CORAF.
Le manioc, une plante de subsistance
« Les insectes migrateurs, les maladies des plantes et autres agents nuisibles représentent une menace grave pour les récoltes et les revenus des agriculteurs d’Afrique de l’Ouest et du Centre » a déclaré le Dr Justin Pita, directeur exécutif du programme WAVE, axé sur la sécurité alimentaire et financé par la Fondation Bill et Melinda Gates. Pour lui, « la sécurité alimentaire est menacée, la biodiversité et l’environnement régional sont endommagés sous l’action conjuguée et nocive des criquets, chenilles légionnaires d’automne, mouches des fruits, et des maladies du bananier et du manioc […] se répandent dans toute l’Afrique de l’Ouest et du Centre, occasionnant de lourdes pertes pour les agriculteurs ».
Les chercheurs se sont véritablement « inquiétés » de la divulgation de la « mosaïque » et de la « striure brune », deux maladies du manioc, base alimentaire de 500 millions d’Africains qui provoquent « une perte de trois milliards de dollars par an en Afrique subsaharienne ».
L’Afrique est le plus grand producteur mondial de manioc (57 %), dont on consomme les tubercules, riches en glucides et en amidon, mais aussi les feuilles et la fécule (qui a plutôt l’aspect d’une semoule), produite à partir des racines. Le manioc s’est imposé comme une culture stratégique pour la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté sur le continent. Cette plante est une culture de subsistance et de rente pour les producteurs africains.