Alors que les attaque terroristes continuent de faire rage dans le Sahel, les autorités maliennes ont décidé de changer de stratégie en demandant au Haut Conseil islamique du pays d’entamer un dialogue avec des groupes liés à al-Qaida, rapporte l‘AP.
Le Colonel Assimi Goita et son équipe dirigeante du Mali, dans un nouvel effort pour faire face à une crise d’insécurité qui dure depuis près d’une décennie dans le pays d’Afrique de l’Ouest, a décidé de mener des négociations avec les groupes djihadistes liés à al-Qaida. Selon le porte-parole du Haut Conseil islamique Mohamed Kibiri, le gouvernement lui avait demandé la semaine dernière de lancer des discussions.
Le porte-parole du Conseil a également assuré que son organisation travaillait avec des représentants des groupes djihadistes dans le nord Mali. « La seule directive que nous avons reçue est de négocier uniquement avec les Maliens », a-t-il déclaré. Pas donc de discussions avec « les autres djihadistes que nous considérons comme des envahisseurs. » Cette information suppose donc que les discussions devraient être menées avec les dirigeants djihadistes maliens Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa du groupe lié à al-Qaïda connu sous le nom de JNIM. Il a également déclaré que le sujet de la charia n’est pas « tabou. Tout est négociable ».
Le ministre malien des affaires religieuses et des cultes, Mamadou Koné, a confirmé que le gouvernement avait demandé au conseil de mener les discussions avec les deux groupes. On ne sait pas encore quand cela devrait commencer mais cette décision pourrait changer la donne dans la région.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement malien demande au conseil d’ouvrir le dialogue avec des groupes djihadistes. Plus tôt cette année, le conseil a conclu un accord de cessez-le-feu entre un groupe lié à al-Qaïda et des combattants locaux dans un village du cercle de Niono, dans le centre du Mali. Les djihadistes ont accordé la liberté de mouvement aux villageois, et la cohabitation pacifique avec l’armée et les groupes armés locaux, en échange du voile obligatoire des femmes, de la perception des impôts et de la justice traditionnelle.
Le Mali lutte contre une insécurité croissante depuis 2012, lorsque des groupes liés à al-Qaïda ont pris le contrôle de certaines parties du nord. Malgré une opération militaire dirigée par la France qui a forcé de nombreux rebelles à quitter leurs bastions du nord en 2013, les insurgés se sont rapidement regroupés et avancent d’année en année vers le sud du pays, où se trouve la capitale malienne.