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Chronique

Le double « homicide » en Afrique subsaharienne en 2024

Par
Anges Banouwin
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Alors que l’année 2024 touche à sa fin, la situation en Afrique subsaharienne suscite des interrogations. Les diverses tensions sociopolitiques qui ont marqué le continent en dressent un sombre tableau.

L’année 2024 n’aura pas été des plus reluisantes en Afrique subsaharienne en termes de démocratie, de liberté d’expression et de respect des droits humains. Plusieurs rapports d’organismes et d’agences spécialisés témoignent d’un état de déliquescence de plus en plus marqué dans la région. Entre dérives autoritaires et montée du terrorisme, le constat est accablant.

À cela s’ajoute une pauvreté endémique, entraînant une augmentation des flux migratoires, notamment illégaux, avec des nouvelles inquiétantes quotidiennement relayées sur internet, les réseaux sociaux et dans les médias. La légitimation des régimes militaires, bien établis au Sahel, entre propagande et autoritarisme, ainsi que les dérives des gouvernements élus, deviennent de plus en plus préoccupantes.

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Les coups d’État institutionnels recyclés, les dynasties instaurées par des parodies d’élections, les transitions prolongées et converties en mandats officiels lors de simples assises, caractérisent des régimes de plus en plus hostiles aux libertés d’expression et aux droits humains, tandis que les élections, souvent gagnées d’avance grâce à des manipulations des constitutions et des codes électoraux, augurent d’une dégradation continue.

Doit-on s’inquiéter ?

Depuis 2022, un recul démocratique important s’observe en Afrique subsaharienne. Les événements en Afrique de l’Ouest et du Centre, notamment la vague de coups d’État militaires dans le Sahel, ont provoqué une détérioration marquante et durable dans la région. En moyenne, 25 des 54 États africains ont connu un ou plusieurs coups d’État ou tentatives de coup d’État au cours des deux dernières décennies.

La montée des régimes militaires a été facilitée par le mécontentement croissant des populations envers les systèmes politiques, par la progression du terrorisme et par la pauvreté persistante. L’incapacité des dirigeants à défendre les valeurs démocratiques, à garantir une bonne gouvernance et à assurer des progrès socioéconomiques a discrédité la démocratie électorale pour un nombre croissant d’Africains.

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Certains sondages montrent d’ailleurs une approbation accrue des régimes militaires dans plusieurs pays africains, comme au Gabon, au Niger, au Burkina Faso, au Mali ou encore en Guinée, tandis que la confiance dans les élites politiques prétendument démocratiques s’érode de jour en jour.

La démocratie électorale sous pression accrue ?

À un niveau minimal, les démocraties partagent une caractéristique essentielle : les postes de pouvoir politique sont pourvus par des élections régulières, libres et équitables, permettant à des partis concurrents de s’affronter, et il est possible qu’un gouvernement en place soit renversé par le biais d’élections. Les critères définis par Freedom House pour une démocratie électorale comprennent un système politique multipartite et compétitif, le suffrage universel des adultes, des élections régulières menées à bulletin secret avec une sécurité raisonnable du scrutin et l’absence de fraude électorale massive, ainsi qu’un accès significatif des principaux partis politiques à l’électorat à travers les médias et une campagne généralement ouverte.

Ces indicateurs connaissent aujourd’hui un net recul en Afrique subsaharienne.

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Légitimation de l’autoritarisme ?

L’autoritarisme tend de plus en plus à s’imposer comme norme de gouvernance. Les populations portent un regard croissant sur les régimes d’exception, et certains dirigeants autoritaires sont même érigés en modèles.

Pourtant, les régimes autoritaires se caractérisent par l’absence ou la limitation extrême du pluralisme politique. Certaines institutions démocratiques formelles peuvent exister, mais elles manquent souvent de substance. Les élections, lorsqu’elles ont lieu, ne sont ni libres ni équitables, et les abus contre les libertés civiles sont ignorés. Les médias sont généralement contrôlés par l’État ou par des groupes proches du régime. Les critiques à l’égard du gouvernement sont réprimées et la censure omniprésente. Le pouvoir judiciaire, quant à lui, ne jouit pas d’une réelle indépendance.

Au nom du développement ?

Le mirage de certaines puissances émergentes tend de plus en plus à faire place à une tendance à troquer les libertés. Au nom du développement, les dirigeants justifient leurs réalisations en infrastructures sociocommunautaires par des expressions édulcorées comme « dictature du développement » ou « rigueur du développement ». Ce discours sert à légitimer l’autoritarisme en le présentant comme un moyen de gouvernance efficace.

On célèbre ainsi un développement imposé à marche forcée, se félicitant de faire le bonheur des populations malgré elles, sous prétexte qu’il ne faut pas attendre qu’elles soient prêtes, puisqu’elles ne le seront jamais. Une situation qui tend à se répandre en Afrique subsaharienne, où, lorsque les lois ne restreignent pas tous les droits des citoyens, l’autorité militaire s’impose parfois, convoquée par référendum populaire face aux dérives des gouvernants. Cette situation traduit la dégradation des institutions de contre-pouvoir, de plus en plus affaiblies. « Quand on ne sait où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient », rappelle un proverbe africain.

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