Dans son discours à la tribune de l’ONU ce vendredi, le président du Burkina Faso, Paul-Henri Damiba est revenu sur le coup de force militaire qui a eu lieu, le lundi 24 janvier 2022, à Ouagadougou. Cette interruption de l’ordre constitutionnel, au regard de ce qui prévalait, était nécessaire et indispensable, selon M. Damiba.
« Le 24 janvier 2022, un groupe de jeunes patriotes, s’est vu contraint de prendre ses responsabilités dans la gestion publique des affaires de l’Etat, face à la dérive de la gouvernance politique en place, à l’insécurité grandissante dans notre pays, à la désintégration progressive et continue de l’Etat, en mettant un terme à un régime démocratiquement élu, mais chaotique. Loin de nous toute idée de nous justifier ou d’encourager des pratiques de déstabilisations ou de violations des ordres constitutionnels », a déclaré le président Damiba.
En effet, soutient le patron de la junte burkinabé, « si dans l’absolu le mouvement du 24 janvier dernier est illégal, et peut-être répréhensible au regard des principes chers aux Nations Unies et à la communauté internationale dans son ensemble, nous pensons que cette interruption de l’ordre constitutionnel, au regard de ce qui prévalait, était nécessaire et indispensable« .
« Elle était surtout une question de survie pour notre Nation. C’est pourquoi, ce mouvement, axé sur la sauvegarde du territoire et la refondation, a connu une légitimité populaire réelle dans l’opinion publique dans notre pays. Ces enthousiasme et adhésion populaires prévalent encore aujourd’hui à l’endroit des autorités de la Transition que je conduis depuis maintenant huit (08) mois ».
Paul-Henri Damiba
Une gouvernance politique calamiteuse
Comme à son habitude, le nouveau patron de Ouagadougou, a longuement peint en noir, la gestion de son prédécesseur, qui, dit-il, est la conséquence de la situation dégradante que traverse le pays.
« En effet, la situation sécuritaire, au Burkina Faso, a connu un début de dégradation en 2015, avant de culminer en 2020-2021 », a rappelé le président Damiba, selon qui, « les récents événements qui ont perturbé la marche démocratique de mon pays sont donc le résultat de l’absence de réponses idoines à cette crise sécuritaire et d’une gouvernance politique calamiteuse qui ont engendré, entre autres : le plus grand nombre de déplacés internes dans l’histoire politique de notre pays et de notre sous-région, soit 1 520 012 personnes, à la date du 31 août 2022, dont 61,27% d’enfants, 22,13% de femmes, 16,6% d’hommes et une crise humanitaire et alimentaire, sans précédent, dans l’histoire de notre pays ».
M. Damiba ajoute également à cette liste, « la fermeture de plusieurs milliers d’écoles et un demi-million d’élèves privés d’enseignement et d’éducation, un marasme économique induit par le ralentissement, sinon l’arrêt, de plusieurs activités économiques telles que l’exploitation minière, le tourisme et l’hôtellerie, l’agriculture et l’élevage, le transport etc ; ».
Ces difficultés, sommairement décrites, s’inscrivent dans un contexte sécuritaire sous régional marqué par les attaques des différents groupes terroristes qui évoluent dans le Sahel, notamment le Sahel central qui comprend le Burkina Faso, le Mali et le Niger.