Cela fait un an jour pour jour que l’ancien ministre de la justice et candidate recallée des démocrates, Reckya Madougou a été interpellée sur le pont de Porto Novo alors qu’elle revenait d’une activité politique. Son avocat Me Renaud Agbodjo évoquant ces souvenirs, affirme que le 23 mars 2021 est une journée noire pour la justice et la démocratie béninoise.
Dans un entretien accordé ce jeudi à Matin Libre, l’avocat au barreau béninois, Me Renaud Agbodjo, membre du collège d’avocats qui a défendu l’ancien ministre de la justice Reckya Madougou poursuivie pour financement de terrorisme et condamnée à 20 ans de prison, est revenu sur la séquence de l’arrestation de sa cliente.
Cela fait en effet ce jour un an jour pour jour que sa cliente a été interpellée par des fonctionnaires de la police républicaine alors qu’elle revenait d’un meeting politique dans la ville capitale. Rappelant les conditions de l’arrestation de sa cliente, Me Renaud Agbodjo affirme que le 03 mars 2021 est une » journée noire pour la justice et la démocratie ».
« Il était un peu plus de 19h lorsque j’ai été joint par ma cliente m’informant qu’elle venait d’être enlevée par une unité lourdement armée qui la conduisait à la BEF. C’était une journée noire à la fois pour la justice et pour la démocratie. Et le 10 décembre 2021 en dépit d’un dossier vide et une accusation sans preuve, Reckya Madougou a été condamnée à 20 ans de prison« , rappelle Me Renaud Agbodjo
L’avocat au barreau béninois affirme qu’il continue de ressentir ce sentiment d’indignation face à l’aveuglement du système judiciaire qui s’aplatit au jour le jour.
Règlement politique, seule voie pour la libération de Madougou
Gardée à la brigade économique et financière après son interpellation, puis présentée au procureur spécial de la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme, Reckya Madougou a été déposée en prison. A l’issue du procès qui s’en est suivi devant la juridiction spécialisée, elle fut condamnée à 20 ans de prison mais refuse de faire appel de son jugement. Justifiant ce refus, Me Renaud Agbodjo estime que sa cliente considère que les juges de la Criet ne sont pas indépendants. Aussi, pour que sa cliente recouvre la liberté, Me Renaud Agbodjo n’entrevoit qu’une seule voie, celle du règlement politique.
Pour Me Renaud Agbodjo, une solution politique viable passe par une loi d’amnistie générale puisque selon lui, plusieurs autres personnes pour des motifs politiques sont jusque-là sans jugement. A l’en croire, il faut une réponse politique car les raisons de l’arrestation de sa cliente reposent sur des motivations politiques et, rappelle-t-il, il l’avait démontré lors du procès.
C’est forcément une solution politique, insiste-t-il qui facilitera sa mise en liberté pour lui permettre de retrouver ses enfants dont elle est séparée depuis un an.