Nouvel essai de missile balistique, passages d’avions de chasse, tirs d’artillerie en mer : Pyongyang s’est livré jeudi et vendredi à des démonstrations de force militaire près de la frontière avec la Corée du Sud, affirmant répondre à des « provocations » de Séoul.
Profitant des discordes au sein de la communauté internationale qui rendent impossible toute réaction concertée à ses provocations, la Corée du Nord a multiplié, ces dernières heures, les opérations militaires, dans un scénario d’escalade qui laisse envisager l’organisation très prochaine d’un test nucléaire. L’armée nord-coréenne a d’abord lancé, au milieu de la nuit de jeudi à ce vendredi, un nouveau missile balistique avant de tirer 170 obus d’artillerie, au large de ses côtes Est et Ouest, vers des zones maritimes tampons que les deux Corées avaient définies lors d’un accord bilatéral en 2018, lorsque leurs relations semblaient pouvoir se réchauffer. Les militaires nord-coréens ont également fait voler une dizaine d’avions de chasse tout près des frontières avec le Sud, forçant Séoul à faire décoller, à son tour, ses propres jets pour venir dissuader l’état-major de son rival de toute manÅ“uvre périlleuse.
Aucun échange
Ni disposant d’aucun canal d’échange direct avec le dictateur nord-coréen Kim Jong-un, le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a condamné, ce vendredi matin par le biais des médias, les derniers coups d’éclat de Pyongyang. «Â Nous nous tenons prêts à répondre aux provocations de la Corée du Nord par des contre-mesures fermes », a prévenu le dirigeant, qui n’est pas favorable, contrairement à son prédécesseur, à une stratégie de la main tendue vers le régime nord-coréen. Moon Jae-in, l’ancien chef de l’Etat de centre gauche, avait espéré, un temps, convaincre Kim Jong-un de cesser ses provocations en échange de promesses de multiples projets de coopération économique.
Partisan d’une posture plus intransigeante, l’actuel exécutif sud-coréen a annoncé, ce vendredi matin, qu’il avait préparé de nouvelles sanctions unilatérales contre plusieurs cadres, institutions et entreprises du Nord, accusées d’activités illicites visant à financer les programmes de développement des armes nucléaires et des missiles balistiques de Pyongyang.
Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères a notamment identifié et sanctionné quatre dirigeants d’un think-tank militaire nord coréen et onze employés d’une société de commerce contrôlée par le régime. C’est la première fois en cinq ans que le pays durcit seul les mesures de représailles politiques et économiques contre la dictature, dans un geste considéré plus comme symbolique que comme effectif. Les deux pays n’ayant déjà presque plus aucun échange économique.