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Chronique

Au Sahel, l’illusion de la riposte au terrorisme ?

Par
Ange Banouwin
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Entre partenariats militaires et stratégies alternatives, les États du Sahel tentent de contrer la menace terroriste. Pourtant, les solutions déployées semblent loin de rivaliser avec celles des grandes puissances militaires.

En misant prioritairement sur les Groupes Militaires Privés (GMP), la riposte peine à traduire une montée en puissance réelle des forces armées nationales. Des opérations éclairs ponctuelles cèdent souvent la place à des massacres perpétrés par des groupes terroristes.

Depuis près de cinq ans au Mali, et plus récemment dans d’autres États dirigés par des juntes militaires, la lutte contre le terrorisme peine à produire des résultats convaincants. Aucun de ces pays ne figure dans le classement 2024 de Global Fire Power, qui évalue la puissance militaire des nations sur la base d’une soixantaine de critères : taille des forces armées, qualité des équipements, budgets alloués à la défense et capacités logistiques. En Afrique, seuls l’Égypte, l’Algérie, l’Afrique du Sud et le Nigéria, unique représentant d’Afrique de l’Ouest, tirent leur épingle du jeu.

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Propagande et idéologie : des armes inefficaces ?

Au Sahel, la lutte contre le terrorisme semble parfois relever davantage de la propagande et de l’idéologie que d’une stratégie militaire structurée. Plutôt que de s’attaquer aux véritables instigateurs des groupes terroristes et à leurs ramifications idéologiques, certains dirigeants préfèrent désigner des boucs émissaires pour galvaniser l’opinion publique et renforcer leur emprise sur le pouvoir.

Cette stratégie, bien que politiquement payante à court terme, comporte des risques majeurs à moyen et long terme. Les voix critiques, souvent sources d’amélioration, sont systématiquement réduites au silence ou contraintes à l’exil.

Une stratégie hybride, la clé ?

Le terrorisme, malgré sa nature asymétrique, répond à des mécanismes de riposte bien connus. Une stratégie efficace repose sur un équilibre entre puissance de feu, renseignement précis et technologies modernes, notamment l’intelligence artificielle pour un maillage territorial optimal.

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Les opérations militaires modernes s’appuient moins sur de vastes effectifs humains que sur des outils technologiques sophistiqués. Le conflit actuel au Proche-Orient entre Israël et le Hezbollah en est une illustration frappante. Des attaques ciblées ont été menées à l’aide de simples appareils téléphoniques, prouvant l’efficacité des technologies de pointe dans la lutte contre des ennemis difficiles à localiser.

Une riposte en manque de précision ?

La stratégie actuelle contre le terrorisme au Sahel manque souvent de précision. Les opérations militaires produisent rarement des résultats tangibles avec l’élimination de cibles clairement identifiées. Les groupes armés continuent de prospérer sous des appellations vagues et idéologiques, sans que leurs chefs ne soient systématiquement neutralisés.

En comparaison, les attaques menées au Liban les 17 et 18 septembre 2024, attribuées à Israël, ont démontré une capacité à identifier et cibler des responsables précis. Bien que controversée, cette stratégie marque un tournant dans l’art moderne de la guerre.

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Les juntes ont-elles démérité ?

Les puissances militaires africaines les mieux classées témoignent d’efforts soutenus pour moderniser leurs armées, investir massivement dans la défense et établir des partenariats stratégiques efficaces. En revanche, au Sahel, malgré des dépenses croissantes et des alliances avec des puissances étrangères, les résultats restent décevants.

L’absence d’un seul pays sahélien dans le classement des puissances militaires africaines pour 2024 révèle une certaine illusion stratégique. Si des nations comme le Nigéria continuent de faire face à la menace terroriste, elles semblent mieux structurées pour y répondre.

Une refonte nécessaire de la stratégie militaire au Sahel

Repenser la riposte au terrorisme ne doit plus être une option, mais une priorité urgente. Cela passe par :

  • Une modernisation sérieuse des armées locales.
  • Des partenariats logistiques et technologiques solides.
  • Une stratégie dégagée des intérêts géostratégiques et économiques extérieurs.

La fable de Jean de La Fontaine, « Tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute », résonne tristement dans ce contexte. Les populations sahéliennes, premières victimes du terrorisme, méritent une réponse militaire et politique à la hauteur des défis.

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