Lors de la montée des couleurs lundi 13 janvier, le capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition au Burkina Faso, a livré un message à la nation, appelant à l’abnégation au travail et à la poursuite inlassable du combat contre l’impérialisme. Ce discours a également été l’occasion pour le chef de l’État de s’exprimer sur les relations complexes entre l’Afrique et la France, en réponse à des propos récents du président français Emmanuel Macron.
Dans son adresse, Ibrahim Traoré a exhorté les Burkinabés à intégrer la lutte contre l’impérialisme dans tous les aspects de leur quotidien. Il a insisté sur la nécessité de transformer les mentalités pour se libérer des influences coloniales persistantes. Cette décolonisation mentale, selon lui, est la clé pour atteindre une véritable indépendance et construire une nation prospère.
« Beaucoup de gens n’ont pas encore compris ce qu’est cette lutte. Elle doit se mener de façon implacable et quotidienne », a déclaré le président.
Les critiques acerbes contre les conseillers militaires français
L’un des points saillants de son discours a été son analyse sur le rôle des conseillers militaires français dans les armées africaines. Selon Ibrahim Traoré, ces conseillers sont chargés de maintenir une faiblesse stratégique dans les forces armées locales, permettant ainsi à la France de justifier sa présence et son influence sur le continent.
« Ces conseillers militaires travaillent à rendre nos armées très faibles pour que la France puisse toujours avoir l’argument d’exister ici. Ils dictent combien recruter, comment former, et à quelle fin utiliser nos forces. Tant qu’ils seront là, nous ne serons pas indépendants », a-t-il affirmé.
Traoré a évoqué l’exemple de l’armée burkinabè, qui, sous la pression des conseillers militaires, s’était retrouvée affaiblie, ce qui a conduit à des désertions massives et à une perte de confiance.
Le plus dangereux, ce ne sont pas seulement les bases militaires visibles. Ce sont les conseillers militaires, qui, dans ces pays, dictent les politiques de défense et affaiblissent les armées locales pour maintenir une dépendance stratégique. Jusqu’en 2022, ces conseillers existaient au Burkina Faso. Ce sont eux qui, à une époque, ont poussé nos sentinelles à monter la garde avec des bâtons. Voilà ce que la France veut de nos armées. Lorsque nous atteignons ce niveau, nous n’avons pas d’autre choix que de leur permettre de s’installer chez nous.
Le chef de l’État a également appelé à une rupture totale avec les accords coloniaux de défense signés à l’indépendance. Il a salué l’exemple du Tchad, qui a pris des mesures concrètes en dénonçant ces accords, soulignant que cette démarche est essentielle pour garantir une véritable souveraineté. « Dire simplement que les bases militaires quittent ne suffit pas ; le problème se trouve dans les accords eux-mêmes », a-t-il martelé.
Le président burkinabè a aussi critiqué les récents propos d’Emmanuel Macron sur l’Afrique, les qualifiant de condescendants et insultants. « Macron parle d’ingratitude comme une maladie. Mais il oublie que sans nos ancêtres, la France n’existerait pas comme elle est aujourd’hui », a-t-il rétorqué. Pour Ibrahim Traoré, ces déclarations reflètent un mépris profond pour les Africains et soulignent l’urgence de se libérer de l’impérialisme.
Il a aussi insulté tous les Africains dans ses propos. Il y a aune partie qui a retenue mon attention, lorsqu’il parlait d’ingratitude et que l’ingratitude est une maladie non transmissible aux humains. Lui il est humain et notre ingratitude n’est pas transmissible à lui. Voilà comment ce monsieur voit l’Afrique, les Africains. Nous ne sommes pas des humains à ses yeux. Peut-être que c’est pas lui un humain, il ne se met pas dans la classe des humains. Mais s’il y a bien un ingrat, c’est bien lui. Parce que c’est grâce à nos ancêtres qu’il existe aujourd’hui une France.