En Guinée, cela fait près de trois ans que l’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana, est en détention sans avoir été présenté devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief), pour les poursuites pour corruption, enrichissement illicite, détournement de fonds publics et blanchiment de capitaux.
Mercredi 15 janvier, les autorités avaient prévu de l’extraire de la clinique Pasteur de Conakry, où il est hospitalisé depuis son inculpation, pour le conduire devant le juge, affirme RFI. Cependant, lorsque les gardes pénitentiaires sont arrivés, il a déclaré qu’il était incapable de quitter son lit d’hôpital. La cour a néanmoins décidé de poursuivre la procédure.
L’audience de ce jour devait statuer sur une demande de remise en liberté déposée par la défense, visant à permettre son transfert vers l’hôpital américain de Paris pour recevoir des soins. Cette demande a été rejetée par le parquet et le tribunal, qui ont examiné le refus systématique de l’accusé de comparaître.
Aly Touré, procureur de la Crief, a accusé la défense de « jouer avec l’intelligence du tribunal », affirmant que leur client refuse de se présenter devant la justice. Selon lui, la requête de la défense est dénuée de fondement puisqu’elle concerne un prévenu qui n’a jamais accepté de comparer.
En réponse à la demande du parquet, la cour a ordonné la clôture des débats. Les réquisitions et plaidoiries sont prévues pour le lundi suivant. Me Sidiki Bérété, avocat principal de Kassory Fofana, a exprimé sa profonde indignation : « La Crief est au service de la transition politique, pas de la justice. Clôturer les débats sans qu’ils aient réellement lieu, programmer des réquisitions et plaidoiries pour le 20 janvier contre un homme alité et gravement malade… Tout cela semble orienté vers une condamnation par défaut, sans procès équitable. C’est effrayant de voir les droits et la dignité du peuple guinéen ainsi piétinés. Être Guinéen devient un risque en soi. »