Le général Abdourahamane Tiani, président du conseil national de la sauvegarde de la patrie (Niger) s’est prononcé pour la première fois sur ses griefs contre le chef de l’Etat béninois, le président Patrice Talon.
Dans un entretien samedi 3 Août, le chef de la junte au pouvoir au Niger, Abdourahamane Tiani s’est largement exprimé sur la crise qui secoue son pays et le Bénin depuis un an. Le président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) a critiqué les autorités béninoises pour l’application rigoureuse des sanctions de la CEDEAO après le putsch contre Mohamed Bazoum.
« Le 30 juillet 2023, lorsque la CEDEAO a décidé de mettre le Niger sous embargo, le président Talon a ordonné depuis Abuja de stopper tous les chargements et mouvements de véhicules nigériens au port de Cotonou et sur le pont de Malanville, » a-t-il déploré.
Le Général Tiani a souligné que Patrice Talon n’avait pas ménagé les Nigériens. « En tant que président du Bénin, il a donné des ordres stricts. Nous pensons qu’il y avait une autre manière de procéder, en permettant le transit des marchandises déjà chargées au port de Cotonou, » a-t-il ajouté.
De présence de base militaire française à agents subversifs
Lors de son entretien à la télévision nationale nigérienne, Tiani est revenu sur les accusations selon lesquelles le Bénin serait impliqué dans des tentatives de déstabilisation du Niger. À plusieurs reprises, les autorités nigériennes ont accusé le Bénin d’abriter des bases militaires françaises visant à déstabiliser leur pays.
Mais dans son développement ce samedi, le nouvel homme fort du Niger a affirmé que contrairement aux premières accusations, faisant état d’existence au Bénin de base militaire français, il s’agirait plutôt d’agents subversifs français.
Le Bénin aurait mis ses infrastructures à la disposition de la France pour mener des actions « subversives » contre le Niger. « Le 26 août 2023, la France a livré trois hélicoptères neufs au Bénin, destinés à punir le Niger pour ses positions, » a-t-il affirmé.
Tiani a également mentionné la présence de « forces subversives » à l’aéroport de Tourou à Parakou, réactivé dans ce but. Il a évoqué une supposée présence d’agents de renseignement français dans un hôtel de Kandi le 26 septembre 2023, vêtus en civil pour une reconnaissance de terrain. « Ils étaient là pour repérer l’aérodrome de Porga, » a-t-il conclu.
Rappelons que le Bénin a toujours rejeté toutes ses accusations. Le gouvernement béninois a même proposé une mission de vérification pour prouver l’absence de bases militaires étrangères sur son territoire.
Où sont donc passées les bases militaires françaises ?
« Tout le monde se souvient encore des déclarations du Premier ministre nigérien, Lamine Zeine, qui parlait de cinq bases militaires françaises où l’on entraînerait des terroristes pour déstabiliser le Niger, affirmant qu’ils en avaient les preuves. Mais curieusement, au moment de les présenter, la première personnalité du pays ne parle plus de bases militaires, mais d’agents subversifs de la DGSE en mission de reconnaissance. » a renchéri l’analyste politique Modeste Kpotin.
Pour ce dernier, « chacun aura compris qu’au fond, il n’y a vraiment pas ce qui a été évoqué comme motif au départ. L’essentiel actuellement est donc de faire en sorte que les rapports se normalisent pour le bonheur des différentes populations. » Aussi, fait-il souligner, « c’est depuis 2018 que le projet de réhabilitation de l’aéroport de Tourou a été évoqué, et ceci avec un consortium danois. »
Egalement, note t-il, « le capitaine Trekpo, dont il parle, n’a jamais fait état de terrorisme. C’était lors d’une émission sur Golfe TV depuis 2018, où il évoquait le pillage de la faune du parc par les rangers d’African Parks (un groupe sud-africain, et non français) censés les protéger. La vidéo est toujours disponible. »