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Choix, voix et autonomie : le leadership politique des femmes pour la santé dans un monde fragile

COMMUNIQUE

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La promotion du leadership des femmes et de l’équité genre est primordiale pour l’atteinte des Objectifs de développement durable 

À mi-chemin des Objectifs de développement durable (ODD) de 2030, et à la suite de la pandémie de COVID-19, le monde se retrouve dans une situation où, au lieu d’Å“uvrer pour combler les écarts en matière d’équité genre, on assiste à une remise en cause des progrès réalisés depuis des décennies, et une menace qui pèse sur les droits fondamentaux et la santé des femmes.

Ces revirements de situation sont aggravés par la pandémie du COVID-19 et d’autres crises connexes, telles que la multiplication des cas de conflits et les urgences climatiques.  Ces événements surviennent à un moment où le monde commençait à peine à constater les fruits de décennies de labeur et d’efforts chèrement acquis, avec l’augmentation de l’effectif des filles scolarisées, la baisse des taux de mortalité maternelle et la baisse du nombre de mariages et de décès des enfants.

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Le Forum politique de haut niveau (FPHN) des Nations unies, qui se tient actuellement à New York, est une occasion cruciale de réfléchir aux progrès réalisés à ce jour et de décider des actions à entreprendre pour faire face aux risques majeurs auxquels nous sommes confrontés à mi-parcours.

Mercredi 13 juillet 2022, un panel, intitulé « Choix, voix et autonomie : le leadership politique des femmes pour la santé dans un monde fragile » a été co-organisé en marge du Forum politique de haut niveau (FPHN), par PMNCH, Women in Global Health, CSU2030 et Global Health 50/50, et se déroule sous l’égide du gouvernement estonien. Ce panel virtuel a réuni des décideurs politiques, des représentants de gouvernements, des chefs d’entreprises, des prestataires de soins de santé, des jeunes et des représentants communautaires du monde entier. Ils ont réfléchi sur le rôle que jouent les femmes leaders pour marquer la différence sur le plan du progrès social grâce à l’équité genre en matière de santé et d’éducation pour atteindre les objectifs du programme de développement durable.

« Pendant que l’aggravation des crises anéantit les progrès réalisés en matière d’autonomisation des femmes et de santé des communautés, on assiste également à une sorte de guerre contre les droits fondamentaux des femmes et des filles », a déclaré Helen Clark, présidente du conseil d’administration de PMNCH et ancienne première ministre de la Nouvelle-Zélande. « Nous devons prendre des mesures urgentes et transformatrices pour inverser ces tendances inquiétantes. Les femmes doivent pouvoir siéger et s’exprimer au sein des instances de prise de décision. Pour concrétiser la vision qui consiste à ne laisser personne en rade en matière de développement, les sociétés doivent joindre l’acte à la parole en mettant en Å“uvre des approches fondées sur les droits et tenant compte de la question du genre pour parvenir à l’égalité, à la résilience et à la durabilité. »

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Les participants à ce sommet ont réfléchi à des solutions pour accroître la représentativité et la participation des femmes dans les instances dirigeantes et réduire les écarts entre les genres dans toutes les couches de la société, partout. La promotion de partenariats multilatéraux et multisectoriels est essentielle pour relever ces défis, et c’est la seule façon de s’attaquer au problème de l’égalité des genres.

Les femmes et les filles représentent la moitié de la population mondiale, mais leur potentiel reste largement inexploité. Elles sont très souvent victimes d’abus et d’exploitation sexuels ou physiques, menacées par des traditions et des pratiques néfastes, privées du droit à l’éducation et aux soins de santé, discriminées sur le marché de l’emploi et souvent dissuadées de prendre part aux activités politiques, notamment au vote. Dans le monde, 143 pays garantissent légalement l’égalité entre les hommes et les femmes. Mais dans la pratique, les inégalités entre les sexes subsistent dans la plupart des régions du monde, et dans de nombreux cas, elles progressent.

La récente décision de la Cour suprême des États-Unis d’abroger son arrêt de 1973 sur l’avortement (Roe vs Wade) est l’un des exemples les plus frappants de cette tendance inquiétante. Ses répercussions se feront sentir bien au-delà des frontières américaines. Les experts prévoient une baisse des financements bilatéraux et multilatéraux américains, ce qui menacerait le soutien des États-Unis à des millions de personnes dans le monde qui ont besoin de bénéficier de services de planification familiale et d’avortement. Cette décision pourrait également conférer une légitimité fallacieuse à ceux qui cherchent à restreindre les droits des femmes, et encourager certains autres pays à revenir sur les lois ou les dispositions relatives à l’avortement, mettant ainsi davantage à risque la santé des femmes et des jeunes filles.

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L’avortement est une question aussi controversée en Afrique qu’aux Etats-Unis. L’abrogation de l’arrêt Roe v Wade pourrait inciter les législateurs africains à actualiser certaines des lois draconiennes auxquelles la plupart des femmes africaines sont exposées. La légalité de l’avortement en Afrique sub-saharienne s’inscrit dans un continuum allant de l’interdiction à l’autorisation sans restriction quant à la raison. Des lois restrictives interdisent complètement l’avortement ou le limitent aux cas où la vie ou la santé d’une femme sont menacées. En 2019, 92 % des femmes en âge de procréer de la région vivaient dans les 43 pays dotés de lois très ou modérément restrictives. Les données de 2019 montrent que 2,4 millions de femmes en Afrique de l’Ouest ont des avortements dans des conditions dangereuses et 14 millions ne reçoivent pas de traitement pour la chlamydia, la gonorrhée, la syphilis et la trichomonase. Parmi les femmes qui souhaitent éviter une grossesse, les besoins non satisfaits sont plus élevés pour les adolescentes âgées de 15 à 19 ans que pour l’ensemble des femmes âgées de 15 à 49 ans (64 % contre 56 %).

L’abrogation de l’arrêt Roe v. Wade par la Cour suprême américaine pourrait avoir des impacts drastiques sur le financement et les politiques des États-Unis en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs (SRHR) dans la région. Les experts prédisent une baisse du financement bilatéral et multilatéral des États-Unis destinés à la planification familiale, l’éducation sexuelle et les programmes de santé publique liés au genre pour les pays à revenu faible et intermédiaire. Ce résultat est encore plus probable si les Républicains gagnent en pouvoir lors des prochaines élections de mi-mandat.

Parmi les 251 indicateurs des ODD, 53 font directement référence à l’égalité des genres, aux femmes et aux filles. Pourtant, les femmes ne bénéficient pas de siège au sein des instances de prise de décision proportionnellement à leur effectif. À la date du 1er septembre 2021, 26 femmes exerçaient les fonctions de chef d’État et/ou de gouvernement dans 24 pays. À ce rythme, l’égalité entre les genres aux plus hautes fonctions du pouvoir ne sera pas effective avant 130 ans. Parmi les 138 organisations que Global Health 50/50 a pu suivre sur cinq ans, 54 (39 %) n’ont eu ni femme PDG ni femme présidente de conseil d’administration au cours de cette période.

Le grand fossé entre les femmes et les hommes en matière de leadership ne peut être comblé qu’en s’attaquant aux obstacles systémiques à la promotion des femmes. Ceci est d’autant plus important que les données émergentes de la pandémie montrent que les pays dirigés par des femmes ont généralement obtenu de meilleurs résultats dans la lutte contre le Covid-19 grâce à des réponses politiques proactives et coordonnées. Pour les pandémies futures, les femmes doivent non seulement participer sur un pied d’égalité aux efforts de réponse et de rétablissement contre le Covid-19, mais aussi avoir le même pouvoir de décision et les mêmes opportunités de leadership, et les politiques et programmes doivent également inclure une lentille de genre.

Les co-directeurs de Global Health 50/50, le professeur Sarah Hawkes et le professeur Kent Buse, ont déclaré : « L’échec collectif de l’égalité dans le domaine de la santé mondiale est inextricablement lié à l’échec de l’égalité de la voix, de la représentation et de l’inclusion au sommet. Nous avons urgemment besoin de leaders féministes, en particulier de femmes et d’autres groupes sous-représentés, pour faire pression en faveur des droits à la santé, de l’équité et de l’égalité des sexes. Mais les promesses et les engagements ne suffisent pas. Nous avons également besoin de systèmes de responsabilité solides pour s’assurer que les promesses faites sont tenues – ce que nous entendons réaliser à Global Health 50/50. »

Les mentalités à l’égard des rôles des hommes et des femmes se sont encore détériorées dans le contexte du COVID-19, car des normes sociales et des stéréotypes dépassés continuent d’empêcher la société d’atteindre l’égalité des genres. Des millions de dollars destinés à des programmes fournissant des services de santé aux femmes, aux filles et aux adolescents ont été supprimés en raison de priorités et de demandes concurrentes dans le contexte de la pandémie. Les services de santé sexuelle et reproductive (SSR) sont trop souvent considérés comme étant  » facultatifs  » plutôt qu’essentiels, ce qui entraîne une augmentation du nombre de décès et de préjudices subis par les femmes. Les statistiques récentes indiquent que pour chaque décès lié au COVID-19, plus de deux femmes et enfants ont perdu la vie à cause des perturbations des systèmes de santé depuis le début de la pandémie.

« La santé est un droit, pas un privilège. Elle nécessite une volonté et un leadership politiques. Mais les femmes doivent avoir leur mot à dire dans les systèmes de santé qui ont un impact sur leur santé et leur bien-être. Or, elles ne disposent que de 25 % des sièges dans les parlements et n’occupent que 25 % des postes de responsabilité dans le domaine de la santé mondiale. Il faut changer les règles pour sortir de cette réalité d’inégalité », a déclaré Gabriela Cuevas Barron, coprésidente du Comité directeur de CSU 2030.

Quelques 11 millions de filles risquent de ne pas pouvoir retourner à l’école cette année en raison de la perturbation sans précédent de l’éducation causée par le COVID-19. Non seulement cette situation menace des décennies de progrès réalisés en matière d’égalité des genres, mais, dans le monde entier, elle expose les filles aux risques de grossesse chez les adolescentes, de mariage précoce et forcé, et de violence.

Les femmes ont été affectées de manière disproportionnée par le chômage, perdant 4,2 % de leurs emplois à cause de la pandémie, contre 3 % pour les hommes. Si aucune mesure n’est prise pour contrer les effets sexospécifiques de la pandémie sur l’emploi des femmes, on estime que la croissance du PIB mondial sera inférieure de 1 000 milliards de dollars en 2030 à ce qu’elle serait si le chômage des femmes suivait simplement celui des hommes.

Les femmes constituent la majorité de la main-d’Å“uvre mondiale dans le domaine de la santé (70 % de l’ensemble des travailleurs et 90 % des travailleurs de première ligne), mais elles ne représentent que 25 % des hauts responsables de la santé. Un rapport publié en 2021 a révélé que seulement 11 % des pays interrogés ont indiqué que ZERO sage-femme occupait un poste de direction ; et près de la moitié des pays ont indiqué qu’il n’y avait pas de sage-femme dirigeante dans leur ministère de la santé.   

Les disparités entre les sexes sont omniprésentes dans le monde entier et leur élimination exige des progrès considérables sur des questions aussi variées que la violence à l’égard des femmes, l’accès à la contraception et la participation des femmes au marché de l’emploi. L’inégalité entre les sexes touche tous les secteurs, est liée à d’autres domaines du développement et exige des solutions de la part de nombreux acteurs, notamment les gouvernements, les entreprises et les organisations non gouvernementales (ONG).

« Même avant la pandémie, l’inégalité des genres était profondément ancrée au sein du personnel de santé mondial, les femmes étant regroupées dans des secteurs et des emplois de second plan, marginalisées aux postes de direction et fréquemment victimes de violence et de harcèlement. Bien que les femmes constituent la majorité des travailleurs de la santé, elles n’occupent que 25 % des postes de décision dans ce domaine, et les femmes du Sud sont particulièrement marginalisées », a déclaré le Dr Magda Robalo, directrice générale de Women in Global Health.

« Les recherches de Women in Global Health montrent que les femmes ont en fait perdu du terrain en matière de leadership depuis le début de la pandémie. Dans notre enquête sur les groupes de travail nationaux sur le COVID-19, 85 % des membres étaient majoritairement des hommes. Au début de cette année, le Conseil exécutif de l’OMS ne comptait que 6 % de femmes, contre 32 % en janvier 2020. Les femmes sont des expertes des systèmes de santé qu’elles assurent en grande partie, et les systèmes de santé sont plus faibles lorsque les connaissances et l’expertise professionnelle des femmes sont marginalisées dans la prise de décision. »

Les partenariats multilatéraux et multisectoriels peuvent servir de catalyseur pour soutenir l’effort nécessaire à la réduction de l’écart de parité entre les genres. Il est nécessaire de redoubler d’efforts pour renforcer la capacité des partenaires à mener des actions de plaidoyer conjointes, à assurer une inclusion significative et à renforcer la responsabilité. Des partenariats plus solides avec les communautés sont également nécessaires pour renforcer et ancrer l’égalité des sexes dans les structures sociétales. Ceci est d’autant plus important que le monde cherche à restaurer et reconstruire les sociétés après la pandémie.

En 2020, PMNCH, la plus grande alliance mondiale pour la santé des femmes, des enfants et des adolescents, a lancé sa campagne de plaidoyer d’Appel à l’action contre le COVID-19 pour faire face aux multiples impacts de la pandémie sur la santé et le bien-être des femmes, des enfants et des adolescents. L’Appel à l’action comprend des mesures visant à contrer les effets sexospécifiques de la pandémie de COVID-19. La pandémie a montré que si les femmes et les filles ne sont pas explicitement prioritaires, elles seront oubliées.

Le dernier communiqué du G7 a montré une réponse forte des nations du G7 en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs (SDSR) et réaffirmé l’importance d’une SDSR globale. 

« Les personnes, les communautés et les économies prospéreront lorsque nous élèverons nos femmes et nos filles. Lorsque nous reconnaissons les contributions des femmes ; lorsque nous payons les femmes équitablement pour le travail qu’elles accomplissent ; lorsque nous montrons la valeur et la nécessité inhérente des femmes pour la société », a déclaré S.E. Kersti Kaljulaid, ancienne présidente de l’Estonie, l’avocate mondiale du Secrétaire général des Nations unies pour Chaque femme, chaque enfant. « Les solutions sont certes complexes, mais engageons-nous à adopter une approche sexospécifique qui inclut la participation des femmes – en particulier des jeunes femmes et des filles – travaillant dans des partenariats et des communautés, des gouvernements, des entreprises et des ONG en vue d’atteindre nos objectifs communs. C’est ainsi que nous pourrons atteindre nos véritables objectifs. C’est ainsi que nous pourrons progresser. »

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