Un plénum du comité central du Parti communiste s’ouvre ce lundi à Pékin. Une occasion pour hisser la place de Xi Jinping à la hauteur de celle de Mao Zedong et de Deng Xiaoping, les deux géants de l’histoire du PCC.
A un an d’un congrès du Parti communiste chinois (PCC) qui doit le consacrer à la tête de l’Etat-Parti pour cinq années supplémentaires, Xi Jinping ne se contente pas de placer ses fidèles à des postes clés, de reprendre en main la vie des affaires ou d’accentuer son contrôle sur la société civile. Le puissant dirigeant chinois entend aussi réécrire l’Histoire. Une résolution « historique » doit être adoptée à l’occasion du 6e plénum du comité central du Parti qui s’ouvre ce lundi à Pékin et réunit à huis clos quelque 370 membres (ministres, chefs des armées, gouverneurs de province…) jusqu’à jeudi.
Troisième résolution depuis 1945
Le texte de cette résolution ne sera publié qu’à l’issue du plénum, mais le moment choisi pour l’adopter est essentiel. Il s’agit seulement de la troisième du genre dans l’histoire centenaire du Parti. La première date de 1945 et visait à cimenter la victoire de Mao Zedong à la tête du Parti. La deuxième date de 1981 et visait pour Deng Xiaoping à critiquer la Révolution culturelle (jugée comme « une grave erreur ») et à retrouver le soutien du peuple pour mener les réformes économiques.
En faisant adopter sa propre résolution historique, « Xi Jinping veut réécrire l’histoire du Parti, pour consolider l’ère Xi et légitimer la perpétuation de son règne au-delà du XXe Congrès du Parti », explique Jean-Pierre Cabestan, chercheur au CNRS et chercheur associé à Asia Centre.
Mandat supplémentaire
Le plénum qui s’ouvre à Pékin est la dernière grand-messe annuelle du PCC avant le congrès de l’automne 2022, qui marquera les dix ans au pouvoir de Xi Jinping. A l’issue de deux mandats, il aurait dû y faire ses adieux politiques l’an prochain. C’était sans compter la réforme de la Constitution ouvrant la voie à un troisième mandat de cinq ans, voire à une présidence à vie du leader le plus puissant de la Chine depuis Mao Zedong.
Si l’homme fort de Pékin ne s’est pas fait que des amis en voulant se maintenir au pouvoir, « l’obtention par Xi d’une résolution historique montre qu’il continue de consolider son autorité politique au sein du Parti malgré les vents contraires sur le plan économique », note le think tank Eurasia Group.