De retour sur le devant de la scène avec son onzième album intitulé, « Braquage de pouvoir », Tiken Jah Fakoly continue d’écumer les plateaux pour la promotion de son opus. Dans une récente interview accordée au média PAM, le reggae man a profité pour évoquer le retour des coups d’Etats en Afrique.
Connu pour ses avis critiques sur la situation politique en Afrique, le célèbre chanteur et activiste Tiken Jah ne mâche jamais ses mots lorsqu’il s’agit de se prononcer sur les actualités politiques. Lors d’un récent entretien avec nos confères de PAM, le reggae-man ivoirien vivant au Mali a donné son point de vue sur le retour au pouvoir des militaires dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest.
« C’est un recul, car on pensait que les coups d’Etat c’était fini, mais s’il y a eu ces coups c’est aussi parce que ceux qui ont été élus ont piétiné la démocratie, et c’est ce qui fait qu’il y a des coups d’état, que nous ne soutenons pas, car la place des militaires est dans les casernes. Mais la réalité est là, au Mali Ibrahim Boubacar Keita a été élu (en 2013, et renversé en 2020, NDLR), mais c’est son fils qui dirigeait le pays finalement avec toutes les conneries qui vont avec, en Guinée Alpha Condé a été élu (en 2010, et renversé en 2021), lui qui se faisait appeler le Mandela de Guinée est venu piétiner la démocratie. Donc ça a été un peu un rappel à l’ordre dans tous ces pays » a répondu le chanteur.
Parlant du cas du Mali, Doumbia Moussa, connu plus sous le nom de Tiken Jah Fakoly, a pointé du doigt la situation sécuritaire du pays comme l’une des causes de ce coup d’état. « Le cas du Mali c’est aussi un exemple d’incapacité à gérer la situation de guerre : quand il y a des jeunes qui meurent au front et qu’il n’y a aucune victoire, ça pousse les gens à faire des choses », a-t-il ajouté.
Considérant les coups d’états comme des situations de réparation, le chanteur ivoirien a invité les dirigeants militaires à organiser les élections dans un délai raisonnable. « Ce que je souhaite, c’est que ces militaires organisent des élections rapidement, qu’ils repartent dans les casernes, que les civils reviennent au pouvoir et que les institutions soient en place, qu’elle soient respectées« .
L’auteur de l’album « Braquage de pouvoir », n’a pas fini ses propos sans avoir convié la jeunesse africaine à la préservation des acquis de la démocratie. « Même si la démocratie occidentale nous a été imposée difficilement, on peut en garder les acquis : la liberté d’expression, le multipartisme, la liberté de choisir, mais on doit trouver une démocratie qui va avec notre manière de faire les choses, en gardant le squelette de la démocratie, qui est le principe du pouvoir du peuple par le peuple », a-t-il martelé.
Faut-il le rappeler, Tiken Jah Fakoly fait partie des rares artistes africains, qui n’ont pas leur langue dans leur poche. Tout au long de sa carrière, le chanteur n’a cessé de dénoncer, les dérives des régimes dictatoriaux en Afrique et dans le monde.