Le président sénégalais Macky Sall a reçu dans la discrétion Marine Le Pen, mercredi 18 janvier au soir au palais présidentiel de Dakar. Une visite qui a irrité des responsables politiques locaux et d’acteurs de la société civile.
Selon le journal Le Point, Marine Le Pen, la cheffe de file du Rassemblement national (RN), a été reçue, mercredi 18 janvier, par le chef d’État du Sénégal, Macky Sall, au palais présidentiel de Dakar. L’échange en tête-à-tête qui a duré une heure se voulait le point d’orgue du déplacement de la cheffe de file du Rassemblement national au Sénégal.
Il s’agit de son premier périple à l’étranger depuis sa défaite à l’élection présidentielle en avril dernier, censé parfaire son statut à l’internationale et gravir ainsi une marche supplémentaire vers la conquête du pouvoir qu’elle continue de briguer. «Â C’est un homme charmant. Nous avons eu une conversation intéressante et chaleureuse, livre au Point Marine Le Pen. Nous avons abordé la nécessaire coopération entre le Sénégal et la France, la francophonie ainsi que l’ensemble des perspectives de développement du Sénégal. Sur le plan énergétique aussi bien que sur celui de la souveraineté alimentaire. »
« Aucun Sénégalais n’est dupe »
« Aucun Africain n’a le droit de concéder quelque tolérance que ce soit à Marine Le Pen », rappelle avec fermeté l’ancienne ministre Aïda Mbodj, désormais membre de l’opposition. Une position partagée sur Twitter par Aminata Touré, candidate à l’élection présidentielle de 2024 : « Que vient faire au Sénégal Marine Le Pen, qui incarne en France le racisme et la xénophobie depuis des décennies ? En tant que militante antiraciste, je ne lui souhaite absolument pas la bienvenue au Sénégal ! »
Les deux femmes sont loin d’être les seules à déplorer sa visite ou, en tout cas, à souligner ce paradoxe. « Marine Le Pen a été le levier-moteur des contre-valeurs poussant la France et l’Europe à des sentiments racistes et xénophobes », insiste Boubacar Seye, président de l’association Horizons sans frontières, qui travaille sur la migration : « Quelles que soient ses motivations, sa conscience devrait lui interdire de fouler le sol africain. Elle ne peut pas plaire en Afrique, c’est une question de dignité africaine. La rencontrer, c’est une trahison de la conscience africaine. »