Plus de cinq (05) mois après le renversement du président Roch Kaboré par la junte militaire, la situation sécuritaire au Burkina Faso se dégrade encore plus. La saignée se poursuit dans le rang des hommes en treillis comme au sein de la population, suscitant une interrogation: Kaboré était-il vraiment le problème?
Prenant le pouvoir le lundi 24 janvier 2022, la junte militaire du Burkina Faso s’est fixée un délai de cinq mois, pour faire le bilan au plan sécuritaire. Mais force est de constater que plus le délai s’écoule, plus la situation s’aggrave. La junte a-t-elle été prise de plein fouet par le cours des choses? Elle qui est censée mieux connaitre la situation, a-t-elle sous-estimé le contexte sécuritaire? Beaucoup de questions s’imposent en cette période critique au pays des hommes intègres où les nouvelles autorités de la transition sont accusées d’abandonner les populations à la terreur terroriste.
Appel à l’unité pour faire front contre les djihadistes, promesse d’équipements aux Forces de Défense et de Sécurité (FDS), annonce de la mise en branle de nouvelles stratégies et des actions vigoureuses sur le front, Damiba trébuche et peine à combler l’attente de ses compatriotes qui commencent par s’interroger sur la confiance « aveugle » à lui accorder, il y a quelques mois.
Cérise sur le gateau, l’attaque survenue du 11 au 12 juin à Seytenga, dans la province de Seno, a remué le couteau dans la plaie déjà béante. Sur la scène politique comme au sein de la société civile, on accuse le gouvernement de légèreté et d’abandon. Les pauvres victimes de cette attaque qui a fait au moins 86 morts ont été abandonnées par les nouvelles autorités, soutient la classe politique.
Contrairement au Mali où, la junte a fait d’important progrès au plan sécuritaire, au Burkina, on s’interroge toujours sur l’efficacité, dans la lutte contre le terrorisme, des autorités militaires qui ont notamment évoqué la situation sécuritaire du pays pour déchoir Kaboré de son fauteuil présidentiel.
Le décompte macabre se poursuit
« Malgré le changement de régime, le décompte macabre se poursuit régulièrement, au point que certains commencent à se demander si le problème était vraiment le président Roch Kaboré. Les militaires, qui ont pris le pouvoir le 24 janvier dernier, ont moins d’excuses parce que la défense du territoire, c’est leur métier, et la plupart d’entre eux étaient sur les théâtres d’opérations sous le régime précédent. Ils sont donc censés connaître la situation sur le terrain. », a déclaré fin mars, le quotidien Le Pays.
« S’ils n’ont pas de stratégie adaptée, pourquoi avoir pris le pouvoir sous le prétexte de la dégradation de la situation sécuritaire ? », s’est-il interrogé.
Les régions du Nord et de l’Est déchirées par le terrorisme
Les régions du nord (ouest et est), du Burkina Faso, sont toujours en proie à de violentes attaques terroristes depuis le massacre en juin 2021, de plus de 135 civils à Solhan, attaque la plus meurtrière que ce pays ait connue depuis que le conflit armé a éclaté en 2016. La région du Sahel qui est dans cette partie du pays essuie couramment des actes terroristes, bien que la junte a pris en main la gestion du pays.
Selon l’UNICEF, 185 déplacés, dont 107 enfants et 39 femmes, venant du Burkina Faso ont fui leur pays au début du mois de Juillet 2021, suite à la détérioration de la situation sécuritaire dans leur région. Ils se sont installés depuis peu à Porga, ville frontalière dans le département de l’Atacora au Nord-ouest du Bénin.
Dans l’est du pays, la situation reste également préoccupante comme dans la région des trois frontières que partage le Burkina Faso avec ses pays voisins, le Mali et le Niger. Le G5 Sahel, une force régionale de lutte contre le terrorisme créée en 2017, qui inclut le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, la Mauritanie et le Niger, a mené des opérations le long des frontières septentrionales du Burkina Faso avec le Mali et le Niger, certaines de ces opérations ayant impliqué des troupes françaises.
Mais la situation reste toujours critique, bien que le pays reçoit également d’aide financière et des formations militaires de la part des Etats-Unis, l’Union Européenne et la France, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
En réponse à la gravité et au nombre des attaques perpétrées contre les écoles, ainsi qu’au meurtre et à la mutilation d’enfants, le Secrétaire général de l’ONU a ajouté le Burkina Faso à la liste des situations préoccupantes pour le mécanisme de surveillance et d’information des Nations Unies sur les graves violations commises contre les enfants en temps de conflits armés.