Le frère Hounvi ne serait pas le véritable auteur des chroniques qui lui sont attribués. Il aurait un prête plume qui se charge de lui proposer des chroniques et un autre pour les diffuser dans les réseaux sociaux.
Devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme, les deux présumés collaborateurs du frère Hounvi ont tous plaidé non coupables. Ils sont poursuivis selon Banouto, par le parquet spécial des faits de « harcèlement par le biais d’une communication électronique et initiation et publications des fausses nouvelles ».
Selon l’accusation formulée par la Cour lors de l’audience du lundi 18 novembre, les deux prévenus seraient des collaborateurs du présumé « Frère Hounvi ». Le parquet spécial de la CRIET les considère comme les instigateurs du réseau de diffusion des chroniques de l’activiste politique. C’est pourquoi ils ont été interpellés et placés sous mandat de dépôt le 6 septembre 2024.
Convoqués à la barre, les deux prévenus ont plaidé non coupables et ont nié les faits qui leur sont reprochés. Ils ont formellement rejeté avoir participé à toute rédaction, et encore moins à des publications relatives aux chroniques de « Frère Hounvi ».
L’un d’eux s’est présenté comme un expert en environnement et un cadre travaillant pour le compte du Millenium Challenge Account (MCA). L’autre s’est identifié comme un ancien enseignant qui exerce désormais dans le secteur immobilier.
Les deux individus ont admis avoir collaboré avec Steve Amoussou entre 2016 et 2018 au sein du parti Union sociale libérale, dirigé par Sébastien Ajavon à cette époque. Cependant, ils ont déclaré ne plus avoir connaissance des activités de Steve Amoussou jusqu’à leur interpellation.
Le mis en cause, se présentant comme cadre et travaillant avec le MCA, a déclaré s’être retiré de la scène politique après avoir conclu un contrat avec une première organisation internationale, suivi de la GIZ et du MCA. Ayant affirmé exercer désormais dans le secteur immobilier, l’ex enseignant a indiqué s’accrocher à sa nouvelle source de revenus depuis l’année 2018.
Des collaborateurs de « Frère Hounvi »?
Les dépositions des deux mises en cause devant le ministère public de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme restent sans effet sur le représentant du parquet, convaincu que les deux prévenus sont des hommes de confiance du frère Hounvi.
Selon le magistrat ayant représenté le ministère public à l’audience, l’expert serait celui qui met sa plume à la disposition du chroniqueur. « C’est lui qui rédige les chroniques », a-t-il signifié.
Le prévenu déclare formellement le contraire. Il a nié toute forme de collaboration avec l’activiste politique. Il affirme n’avoir aucune connaissance du fait que Steve Amoussou se présente comme « Frère Hounvi ». Les seules occasions où il reconnaît avoir collaboré avec Steve Amoussou, suspecté d’être l’activiste politique fortement critique à l’égard du régime de Patrice Talon, remontent à une émission diffusée en 2016.
Des perquisitions ont été effectuées au domicile de l’intéressé. Les autorités ont saisi ses ordinateurs, clés USB, disques durs ainsi qu’un cahier de notes. Le représentant du ministère public a déclaré avoir constaté que l’expert a transmis les noms des deux premiers présumés complices de « Frère Hounvi » à son « bokonnon » dans le but d’éviter qu’ils ne puissent citer son nom.
« Ce n’est pas vrai », s’est opposé le prévenu. Il a expliqué qu’il a plutôt eu des révélations des proches et même de son père qu’il aura des problèmes avec la justice. Alors que lui, il n’aimerait pas perdre son travail.
L’ex-enseignant est perçu comme le relais des chroniques. Identifié comme administrateur de plusieurs groupes, il serait considéré comme l’un des principaux propagateurs des chroniques de « Frère Hounvi ». Il aurait distribué ces chroniques au sein des groupes Facebook « Bénin info » et « Bouche à Oreille ». Le prévenu conteste ces accusations, affirmant n’avoir jamais partagé de contenu et déclarant ignorer la date à laquelle il aurait été nommé administrateur de ces groupes.
Selon le ministère public, l’ex-enseignant aurait présenté Steve Amoussou comme étant celui qui se dissimule derrière le pseudonyme « Frère Hounvi » lors d’échanges avec ses collègues. D’après les déclarations du magistrat, il aurait également avoué cette réalité au cours des enquêtes préliminaires. Toutefois, le prévenu a de nouveau rejeté les accusations formulées par le procureur spécial.
Après ces débats, le ministère public a formellement demandé une révision de la procédure relative à ses réquisitions. Cette requête a été acceptée par la Cour, qui a renvoyé le dossier au 16 décembre 2024 en vue des réquisitions du ministère public et des plaidoiries des avocats.