La restriction du droit de grève fait partie des réformes très critiquées et boudées depuis l’avènement du président Patrice Talon au pouvoir. Cette réforme est soutenue et défendue par les soutiens du régime. Le Bloc Républicain (BR) qui est un parti présidentiel présente un bilan positif de cette restriction fortement dénoncée par les partenaires sociaux.
Le Secrétaire Général National du Bloc Républicain, Abdoulaye Bio Tchané, évoque des résultats positifs à la suite de la restriction du droit de grève aux travailleurs de plusieurs secteurs. « Nous avons engrangé des résultats incroyables, aussi bien dans le secteur de la santé, que dans le secteur de l’éducation, parceque justement, nous n’avons pas connu de grève depuis 03 ans », a-t-il confié dans un entretien avec RFI mercredi 28 décembre 2022.
Pour le ministre d’État chargé du Développement et de la Coordination de l’action gouvernementale, malgré les plaintes, le BR maintient son soutien à la réforme. « Même si certains peuvent se plaindre théoriquement de ce que le droit de grève a été restreint, au BR nous sommes en soutien à ces mesures, parceque nous en voyons les résultats », a insisté Abdoulaye Bio Tchané.
Le droit de grève plafonné à dix jours au maximum par an
Mardi 4 septembre 2018, le Parlement béninois a adopté une nouvelle loi qui plafonne le droit de grève à dix jours au maximum par an (sept jours au cours d’un semestre et deux jours le mois), pour tous les personnels civils de l’Etat et des collectivités territoriales ainsi qu’aux travailleurs des établissements publics, semi-publics ou privés. Fin juin 2018, après des mois de bras de fer, la Cour constitutionnelle avait finalement donné raison à l’exécutif en autorisant la suppression du droit de grève pour les travailleurs des secteurs de la sécurité, de la défense, de la justice et de la santé.
La décision finale, prise par le nouveau président de la juridiction suprême proche du président Patrice Talon, a été perçue comme « un coup de massue » dans le monde syndical après une année 2017 secouée par d’importants mouvements sociaux.
Une nouvelle modification intervenue en octobre 2022
La loi n°2001-09 du 21 juin 2002 portant exercice du droit de grève en République du Bénin, telle que modifiée et complétée par la loi n° 2018-34 du 05 octobre 2018, a été modifiée à nouveau par le parlement en octobre 2022. Cette nouvelle relecture a permis d’élargir la restriction du droit de grève à d’autres secteurs, comme les transports et les hydrocarbures.
Le gouvernement a évoqué le contexte sécuritaire actuel pour justifier la nouvelle révision de la loi. Selon l’exécutif, ce contexte sécuritaire est « de plus en plus exigeant où la défense du territoire national et l’exercice des fonctions régaliennes de l’Etat commandent que certains secteurs d’activités soient en permanence mobilisés ».