Depuis le mardi 5 Mars dernier, le Bénin dispose d’un nouveau code électoral voté par les députés de la 9ème législature. Cette loi qui renforce le système partisan est un véritable défi pour les partis politiques qui devront retrousser les manches pour affronter les premières élections générales du pays.
Au Bénin, les députés de la 9ème législature ont voté dans la nuit de mardi au mercredi 5 Mars 2024 la modification du code électoral. Cette réforme ( 79 voix pour, 28 contre et une abstention) modifie et complète la loi 2019-43 du 15 novembre 2019 portant Code électoral en République du Bénin. Le texte dénoncé par l’opposition qui parle d’une manÅ“uvre d’exclusion a le mérite de corriger quelques tares du système partisan, près de six ans après sa mise en Å“uvre.
Pour une unité nationale et un développement équilibré
Selon ce nouveau code, il faut réaliser un score de 20 % au moins dans les 24 circonscriptions contre 10 par le passé pour prétendre à un siège de député. Ce principe implique que les partis politiques sont tenus d’être présents et suffisamment représentatifs dans toutes les régions.
Cette exigence vise à renforcer véritablement l’unité nationale et à favoriser un développement équilibré sur l’ensemble du territoire. Ainsi, si un parti néglige une région, il risque de ne pas y obtenir suffisamment de suffrages, ce qui pourrait entraîner son élimination dans cette seule circonscription.
La fin de la prostitution politique
De plus, cette disposition permet aux partis de perdurer dans le temps et de contribuer à la stabilité du pays. Elle garantit également que les partis ne peuvent plus être sous l’emprise d’un leader régional, car ils doivent désormais être représentatifs dans toutes les régions, sans exception.
Enfin, chaque candidat à l’élection présidentielle doit être soutenu par au moins 15 % des parrains issus des 3/5èmes des circonscriptions électorales législatives, soit, en nombre absolu, 15 circonscriptions sur les 24. Désormais il faudra 28 députés et maires pour parrainer un candidat à l’élection présidentielle. Le texte précise, par ailleurs, que les députés et les maires ne peuvent parrainer que des candidats membres ou désignés par le parti qui l’a élu.
Leadership et appuis politiques à l’échelle nationale
Selon cette loi adoptée par l’Assemblée nationale, la personne qui occupe la fonction de pouvoir d’État doit être représentative, car elle provient d’un parti politique qui est lui-même solidement implanté sur l’ensemble du territoire national. Cette formulation souligne l’importance de la représentativité territoriale du parti politique auquel appartient le dirigeant, garantissant ainsi une légitimité étendue à l’échelle nationale.
Il s’agit d’une nouveauté qui veut s’inspirer des quelques grandes démocraties anglophones en Afrique. Au Ghana par exemple, le New Patriotic Party (NPP) et le National Democratic Congress (NDC) sont des acteurs clés de la vie politique. Ils se sont alternés au pouvoir et ont assuré des transitions pacifiques depuis l’introduction du multipartisme en 1992.
De même, au Nigeria, des partis tels que le People’s Democratic Party (PDP) et le All Progressives Congress (APC) ont joué un rôle essentiel dans la gouvernance du pays. Leur présence à l’échelle nationale transcende les clivages régionaux, ce qui rend difficile l’attribution d’une région spécifique à un parti politique.
Ces exemples démontrent que des partis politiques solides et représentatifs dans tout le pays sont essentiels pour maintenir la cohésion nationale et garantir une gouvernance stable. D’où la nécessité pour le Bénin d’apporter de nouveaux ingrédients à sa démocratie après l’instauration du multipartisme en 1990 et l’arrivée du système partisan en 2019.