Le clergé catholique n’est pas convaincu des explications du gouvernement pour justifier la pertinence de la loi N° 2021-12 modifiant et complétant la loi 2003-04 du 3 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction en République du Bénin. Par des contre arguments, Mgr Pascal N’Koué démonte ce qui justifie la prise de cette loi et martèle que l’avortement augmentera la détresse de la femme.
Au Bénin, l’avortement est désormais légal. En effet, dans la nuit du 21 au petit matin du 22 Octobre 2021, les députés réunis en session extraordinaire ont voté à l’unanimité la loi N° 2021-12 modifiant et complétant la loi 2003-04 du 3 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction en République du Bénin. Une loi qui légalise sous certaines conditions l’avortement.
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Avant le vote, la conférence épiscopale du Bénin à travers un communiqué a qualifié « d’inique » le projet de loi et à inviter les députés à le rejeter. Un appel qui ne sera pas entendu, puisque la loi sera votée le lendemain à l’unanimité des parlementaires présents à l’hémicycle.
Malgré le vote de cette loi, l’Eglise ne change pas sa position par rapport à l’avortement. Reçu sur une radio confessionnelle, Monseigneur Pascal N’Koué a eu des mots assez durs contre les tenants et aboutissants de cette loi polémique. Balayant du revers de la main, l’argument qui consiste à dire que c’est pour éviter des détresses à la femme, l’archevêque de Parakou affirme: « Si une femme est en détresse, il faut plutôt l’aider ». Selon le prélat, aucune difficulté matérielle ne doit conduire à la suppression de la vie.
…Nous avons des ambitions monstrueuses …
L’archevêque de Parakou qualifie l’adoption de la loi N° 2021-12 modifiant et complétant la loi 2003-04 du 3 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction en République du Bénin comme une œuvre criminelle, une légalisation « cynique, macabre et inhumaine « .
A le croire, les « pseudos arguments » véhiculés par la loi à savoir les détresses matérielle, éducationnelle et autres de la femme ne tiennent pas debout. « Avec un avortement, on augmente la détresse de la femme parce que la femme n’oublie pas, sa conscience est troublée« , indique-t-il.
Si une femme est en détresse, poursuit-il, « il faut plutôt l’aider, il faut plutôt créer une association pour aller au secours des femmes en détresse », préconise-t-il avant de trouver derrière cette loi, la main invisible des puissances économiques. « Il y a des gens qui sont prêts à financer (nos ambitions ) moyennant notre destruction« , prévient-il.
Pour Monsieur Pascal N’Koué, une société qui légalise l’avortement est en perte de vitesse. L’adoption de cette loi est perçue par l’autorité morale comme l’expression de la dépendance des pays africains qui, selon lui ont encore du pain sur la planche. « Nous avons des ambitions, des ambitions monstrueuses, mais si nous n’avons pas le pouvoir de les financer, il y a des gens qui sont prêts à les financer moyennant notre destruction ; destruction morale », insiste le prélat.