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Chronique

Au Burkina Faso, IB et la hantise des vieux démons

Par
Anges Banouwin
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Arrivé au pouvoir le 30 septembre 2022 au Burkina Faso,  depuis lors, le pays va au rythme d’une hantise.

L’avènement du capitaine Ibrahim Traoré (IB) qui a évincé son frère d’arme Paul-Henri Sandaogo Damiba, était présenté comme le symbole de l’exaspération des militaires au front, par opposition aux gradés réputés friands des bureaux douillets. Son prédécesseur avait pris le pouvoir en renversant Roch Marc Christian Kaboré, il y avait à peine quelques mois, le 24 janvier 2022.

Depuis son accession au pouvoir, IB maintient le pays à un rythme tout particulier. Mercredi 27 septembre dernier, une « tentative de coup d’État » a été déjouée selon les autorités. Cette fois-ci c’est son prédécesseur en exil au Togo, qui est indexé par le pouvoir militaire, avec l’annonce d’une demande d’extradition.  

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Le 11 juillet dernier, c’était la Côte d’Ivoire et le Bénin qui étaient accusés de déstabilisation. La tension entre le Burkina et la Côte d’Ivoire est également montée d’un cran ces derniers jours. Dès le début de l’année plusieurs annonces de complots suivies d’arrestation ont été faites.  

Dans le pays, il est devenu monnaie courante que des voix discordantes soient accusées de complot contre la sureté de l’Etat, et/ou enrôlés de force pour être envoyés au front, ainsi que la disparition de citoyens accusés d’être au service de l’impérialisme, dont un journaliste.

Stratégie de la terre brulée ?

Le propre des pouvoir établis par les armes et non une base constitutionnelle est le conditionnement de l’opinion. Et lorsque cette recette devient la tasse de thé des gouvernants, c’est qu’il y a une volonté manifeste de prendre la main, là où on commence par perdre le pied.

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L’opinion s’inquiétait du silence du chef de la junte depuis le lendemain du massacre terroriste de Barsalogho, de plusieurs centaines de civils, réquisitionnés par la junte au pouvoir pour creuser des tranchées censées les protéger,  dans le centre-nord du pays, le 24 août  2024.

Les dernières annonces sonnent comme un signe de vie.

Au nom de la révolution ?

Ce qui a pu être toléré au nom de la révolution, grâce à la nostalgie de Thomas Sankara, par les populations, ne devrait être bradé.

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S’appuyer sur les limites de cette dernière pour fluidifier l’actuelle serait plutôt bénéfique, au risque de voir l’histoire bégayer. Tout régime fut-il prôné, démocratique ou militaire finit par épuiser son temps de grâce, après lequel il n’y a plus de place pour les excuses.

Miné par les violences djihadistes, si à l’an un de sa prise de pouvoir, IB comme on le désigne affectueusement a soutenu que l’urgence n’était pas à l’organisation des élections ; mais plutôt à stabiliser le pays, le temps s’égrène et les attentes sont loin d’être comblées.

Cap manqué ?

Il faudra à un moment donné s’arrêter pour prendre les décisions qui s’imposent. Au risque que de guerre lasse, les populations désabusées n’en aient le ras le bol.     Mieux, ce n’est pas en faisant des parias qu’on installe la paix entre frères, pour prendre le dessus sur l’ennemi, mais en s’asseyant autour d’une table pour discuter.

Le 25 mai 2024 il a été adopté une charte permettant au régime militaire du capitaine Ibrahim Traoré, de rester cinq ans de plus à la tête du pays. Echéance au terme duquel, le chef de la junte peut être candidat aux élections prévues : présidentielles, législatives et municipales.

Ibrahim Traoré a vu son statut passer de « président de transition » à « président du Faso ».

Décisions prises en une journée de travaux des assises nationales qui devraient pourtant durer deux jours, boycottées par les partis politiques traditionnels. Ceci pourrait expliquer cela.

Des coups d’Etat partout ?

Ces annonces de complots déjoués,  qu’elles soient fondées ou non, sont souvent l’expression de situations profondes.   Le film  le «Â Crocodile  du Botswana », bien qu’une fiction, dépeint la réalité de certains gouvernants qui a un moment donné commencent par voir dans tous les regards de potentiels conspirateurs. Même au sein de leur propre progéniture.

Si  le risque zéro n’existe pas en terme de stabilité, il faudra songer à faire des choix qui  inspirent quiétude aux citoyens et gouvernants, au risque d’être toujours hanté par les vieux démons.

Toutefois, il peut avoir des raisons manifestes, mais cette ritournelle quasi régulière risque véritablement d’être contreproductive, le cas échéant. Un pays ne pouvant prospérer dans une perpétuelle hantise de putsch en permanence. Pis, les  conséquences sont connues à force de crier au loup.

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