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Chronique

Au Bénin, la Rupture à  l’épreuve de la VAR

Par
Anges Banouwin
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Avec les appels au changement de cap pour le populisme et le deuil de la normo-communication ; pour la mouvance au pouvoir au Bénin, l’enjeu est si pressant qu’il faille mettre les bouchées doubles. Rattrapée par l’imminence de la fin du second et dernier mandat constitutionnel de Patrice Talon, après s’être murée en terrain conquis pendant huit bonnes années.

En l’intervalle de 15 jours, des membres du gouvernement et leurs affidés ont fait le tour de certaines localités du pays. A ce type d’événement de Marketing politique aux allures d’un classico en football,  la grosse artillerie a été sortie. 

De la retransmission en direct, aux débriefings en passant par les  commentaires d’après match, tout le nécessaire a été mis à contribution. Sans compter avec l’opinion qui va instaurer l’arbitrage, avec sa dernière trouvaille moderne, l’assistance vidéo dénommée VAR.

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Bien que jouant seuls, un peu comme en terrain conquis, le poteau du camp adverse  vide, et les spectateurs dans les gradins, des attaquants de pointe, pas des moindres se verront pris au dépourvu.

Entre passements de jambes, jonglages et autres frappes millimétrées dans le camp adverse, les spectateurs vont sortir de quoi marquer à la culotte les attaquants qui dans un excès de zèle  seront tentés de marquer de la main. User et abuser d’arguments peu convaincants, voir belliqueux ou à la limite faire dans la délation. Siffler les hors-jeu, les fautes et les sorties de touche et même distribuer de cartons jaunes, et rouges jusqu’au coup de sifflet final. Cela n’aura pas été sans raison ou par simple question d’humeur.

Quelles sont alors  les raisons d’une telle attitude ?

Le contexte social et politique dans lequel s’est tenu cet exercice en fait une occasion particulière pour les populations tenues à carreau sur des choix politiques et orientations de gouvernance depuis ses huit dernières années. A l’heure du bilan, pour elles, il n’est plus question de se laisser embobiner par des arguments qui ne tiennent pas la route sur les réalités vécues au quotidien. Passé le mirage des réalisations d’infrastructures modernes et autres, les populations n’entendent plus laisser place à la « ruse et la rage », les mener encore longtemps et prêtes à en découdre à la moindre situation : mot pour mot, arguments contre arguments.

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Conséquence logique d’une accumulation de ressentis, et de vécus qui pour elles n’ont plus d’excuses. A défaut de se taire, aucun argument fut-il sorti d’études scientifiques sur la consommation du maïs par les poulets au Bénin,  ne peut justifier la cherté de ce principal aliment de base dans le pays. Encore moins, tolérer des insinuations à semer des doutes sur l’alternance à la tête du pays en 2026. Fut-il dans la continuité.  

Quelles leçons tirer de tout ceci ?

Les tournées gouvernementales se suivent et se succèdent à quelques différences près au Bénin avec des Tops et des Flops. 

Emportés par l’euphorie, les montées d’adrénaline ont révélé bien d’acteurs de cette tournée qui ne sont pas les premiers et certainement ne seront pas les derniers à subir le rouleau compresseur de ce genre d’exercice. Qui par excès de zèle ou volonté délibérée de plaire, se sont retrouvés dans le décor. Certains se sont vu taper sur les doigts et d’autres n’en n’ont certainement pas encore fini avec des procédures enclenchées à leur encontre pour des propos débités. Les mots trahissent la pensée selon les psychanalystes. Et à raison  pour les spécialistes de la traque aux criminels, ce sont les lapsus qui comptent.

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Dans une foule, même la plus  acquise à sa cause ; un micro, une caméra, un stylo sont des armes pointées sur tout orateur. Il a la possibilité d’en faire deux usages. Se défendre ou se descendre avec.

Pour se défendre, il a le choix de se taire pour ne laisser échapper le moindre mot, ou se prononcer en choisissant bien les mots dont il fait usage. Retourner s’il le faut sept fois dans sa bouche un mot avant de le prononcer. 

Pour se faire descendre, il peut choisir de se laisser aller aux émotions, et autres loisirs… Un dicton populaire sur la prise de parole en public et /ou la tenue d’actions dit si bien d’ailleurs : «Â Lorsqu’on vous envoie, il faut savoir s’envoyer ».

Ironie du sort …

Les faits sont sacrés et les commentaires libres. Plus encore avec la propension de la manipulation des masses, des insinuations et autres sous-entendus, il est à observer que la bataille de la communication ne se gagne plus sur le débit proféré, à l’heure des médias sociaux, mais plutôt sur la sincérité des propos. Le diable est dans les détails dit-on. Et dès que la foire aux intentions est lancée, la toile et les réseaux sociaux s’affolent.  Dans ce contexte, tout acte  peut se retourner contre son auteur. Soit en guise de gratification ou de représailles, « Ce que tu fais, te fait » résume bien l’effet boomerang. 

Mais il n’est pas exclu que ce type d’exercice de mise en avant et de casting est aussi le lieu entre potentiels challengers du même camp d’offrir le coup de grâce à ceux des leurs qui potentiellement   leur font écran, ou dont on compte juste se servir comme marchepied. Frank Underwood de la série télévisée américaine House of Cards a certainement des disciples à se faire dans cette arène.  

Puisque dans ce contexte, comme aux Echecs, il faut pouvoir faire tomber les Cavaliers après avoir déplacé ses Pions, renversé les Tours, déjoué les Fous, et éprouvé la Dame pour s’assurer d’accrocher le Roi pour s’offrir le Graal.

Au finish à quoi aura servi cet exercice ?

La moisson a été fructueuse que passionnante, tant pour ceux qui sont descendus dans l’arène que les hôtes, face à l’enjeu que tout le monde connait mais qu’on tente de couvrir des mains : les élections générales de 2026.  Quoique les appels de pied ont été clairs par endroit. En témoigne les commentaires et la viralité de certaines vidéos et visuels sur les réseaux sociaux.

Un baromètre au-delà de la mesurette à coup de communication sur le climat social et l’embonpoint de la situation socioéconomique distillée par des institutions et agences de notations.

Les attentes des populations prises au sérieux, pourront peut permettre de réajuster ce qui peut encore l’être. Mais, considérées comme un exercice de plus avec des élans du «Â vous allez en souffrir, mais vous ne pouvez rien faire », ou comme étant les récriminations d’une opposition en manque d’arguments prête à tout peindre en noir, la sentence serait sans appel. Puisque c’est le peuple qui était en face.

A moins que le scénario voulu en 2026 ne soit celui du ‘’Alafia’’, avec des scrutins ouverts et transparents. Dans l’un comme dans l’autre cas, il y a une velléité selon laquelle, les élections au terme d’un second et dernier mandant constitutionnel ne sont pas l’apanage d’élections avec possibilité d’en briguer un autre mandat. L’usure du pouvoir ayant des effets incommensurables et les exemples sont légions au Bénin comme dans la sous-région.

Cet exercice aura offert pour le moins  la possibilité au gouvernement et son chef, d’anticiper les grands enjeux à venir et s’investir beaucoup plus à rentrer dans l’histoire en s’investissant dans l’humain après les infrastructures et en entreprenant des concessions pour un atterrissage en douce. « Quand le dos te démange, ne te gratte pas la poitrine », conseille un proverbe africain. 

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